REACTIONS. Alors que le compte pénibilité entre en vigueur le 1er juillet et que des organisations professionnelles réclament son report ou sa suppression, nous avons voulu vous donner la parole, vous qui êtes particulièrement concernés par le dispositif.

Le compte pénibilité, un dispositif qui semble avant tout pénible pour les entrepreneurs du BTP. Vous êtes nombreux à avoir témoigné sur Batiactu à propos de la mise en œuvre de ce dispositif et à pointer les difficultés rencontrées. "Usine à gaz" est le critère qui revient souvent. Alors que le compte pénibilité doit entrer en vigueur ce 1er juillet 2016, beaucoup d'entre vous nous expliquent n'avoir rien encore fait pour mettre en place ce dispositif faute d'informations et de référentiel dans vos métiers. Antoine Leempoels, secrétaire général de la Capeb Rhône, nous confie en effet que "si certains secteurs, comme la peinture, ont commencé à rédiger leur référentiel, celui-ci n'est pas encore finalisé". C'est pourquoi les organisations du bâtiment réclame un report d'un an "pour valider ces référentiels, informer et former ensuite les entreprises", ajoute-t-il. Pour le moment, "on est bien embêté", concède-t-il. "Les artisans sollicitent pourtant le service social de la Capeb mais nous n'avons pas les éléments pour leur dire si tel ou tel critère est ou non pénible".

 

Même si vous êtes nombreux à vouloir respecter la loi et demander des informations à vos fédérations, plusieurs d'entre vous expliquent qu'ils n'ont ni le temps ni les moyens de mettre en place le compte pénibilité.

"La pénibilité, c'est fait pour faire péter les plombs aux chefs d'entreprises"

 

Ce qui vous pose le plus problème en premier lieu, c'est comment définir la pénibilité d'un travail et ensuite comment l'appliquer à vos salariés. Beaucoup craignent que cela n'alourdisse encore plus les tâches administratives.
Remontés, certains d'entre vous déclarent même que cela est fait "pour faire péter les plombs aux chefs d'entreprises", que cela va "nuire à l'emploi" parce que vous n'aurez plus envie de s'occuper de "cette paperasserie" mais surtout parce que vous n'aurez pas les moyens d'embaucher une personne pour gérer cela. Jusqu'à même réclamer ironiquement que la pénibilité pour mettre en place le dispositif, soit reconnue pour les entrepreneurs comme un nouveau facteur… de pénibilité !

 

Si une grande partie d'entre vous ne remet pas en cause la reconnaissance de la pénibilité dans le travail, plusieurs préféreraient qu'elle soit "reconnue pour tous les ouvriers du bâtiment." Alors que l'Etat travaille sur des mesures de simplification, certains jugent que la mise en place du dispositif ne va pas dans ce sens. "J'ai plus de 20 salariés, mais compte tenu des différentes tâches dans une journée (travaux publics), ce n'est pas possible d'évaluer le temps de chaque exposition", nous raconte Baptiste M., "d'ailleurs le salarié non plus, sinon il ne ferait plus que cela de comptabiliser et noter ses temps".

 

La prévention, un facteur essentiel

 

Enfin, certains d'entre vous rappellent l'importance de mettre en place des outils de prévention au sein des entreprises et de les faire appliquer. "Un bon employé est un employé vivant", souligne l'un d'entre vous qui raconte, pourtant, qu'il est parfois difficile de faire respecter les mesures de sécurité à ses salariés. Soucieux de la santé de ses ouvriers, il a même été obligé de mettre en place des mesures financières pour faire respecter les règles. Agir sur la prévention semble donc un élément essentiel pour réduire au maximum la pénibilité. "Il vaut mieux se creuser la cervelle sur la qualité des conditions de travail que d'arriver à la retraite et de ne pas en profiter parce qu'on est "plié" de tous les côtés", résume l'un de vous.

Découvrez l'intégralité de vos témoignages dans les commentaires sous cet article.

Alors que le Gouvernement reste ferme sur la mise en place du Compte pénibilité, ce 1er juillet, après les concessions accordées la semaine dernière, (Lire notre article), le Medef a appelé ce jeudi à ne pas l'appliquer : "c'est une politique absurde qui ne mène à rien. Les entreprises ont l'habitude des effets de manches des politiques mais on atteint là des sommets. Il n'y a pas d'avancée sociale si cela se traduit par un recul économique majeur qui in fine détruira encore de l'emploi", a déclaré Pierre Gattaz, dans un communiqué répondant au président de la République qui dénonçait une "position dangereuse du Medef" dans un entretien accordé aux Echos.

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