Le gouvernement Raffarin a dévoilé mardi ses premières mesures anti-délocalisations mais est resté flou sur la politique du littoral, lors d'un Comité interministériel d'aménagement du territoire (CIADT) réuni à Matignon et consacré à ces deux sujets.

La création de "pôles de compétitivité", principale annonce de ce CIADT, vise à encourager les partenariats entre entreprises, organismes de formation et centres de recherche afin de dégager des synergies. Avec à la clé une enveloppe globale de 750 millions d'euros sur trois ans (2005 à 2007).

"Le point essentiel de ce comité est le lancement d'une mobilisation nationale contre les délocalisations", a déclaré le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à l'issue du CIADT.
Après une série de fermetures d'usines ou de chantages à la délocalisation, si les salariés ne renoncent pas aux 35 heures, cette question, qui inquiète de plus en plus les Français, prend de plus en plus de place dans le débat politique.

Le ministre des Finances Nicolas Sarkozy doit dévoiler d'autres "armes" anti-délocalisations le 22 septembre, lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2005.
Il pourrait proposer des exonérations de taxe professionnelle dans des bassins d'emplois sinistrés afin de dissuader les transferts à l'étranger et des crédits d'impôts en cas de relocalisation en France.

"Nous allons mobiliser un milliard d'euros dès le budget 2005 sur ce sujet", a précisé M. Raffarin qui se référait à l'ensemble de ces mesures, au-delà des seuls pôles de compétitivité.
Les pôles vont représenter de leur côté un effort financier d'environ 250 millions par an, réparti entre le budget général de l'Etat et des établissements publics tels que la Caisse des dépôts et consignations et l'Agence française de l'innovation (Anvar).
Des appels à projets seront lancés à l'automne 2004 afin d'établir une première liste de pôles de compétivité au printemps 2005.
"Globalement, nous mettrons un milliard d'euros contre les délocalisations, un milliard d'euros pour la recherche (...) et un milliard d'euros pour l'emploi au travers du plan de cohésion sociale", a lancé le Premier ministre.

L'autre volet très attendu du CIADT, la protection du littoral, n'a pas levé les inquiétudes des écologistes, qui redoutent un aménagement de la loi littoral de 1986 et un bétonnage accrû des côtes.
Le gouvernement a certes tenté d'apaiser le débat en annonçant 8 millions d'euros supplémentaires pour le Conservatoire du Littoral - chargé d'acheter des terrains en bord de mer - par rapport au budget initialement prévu pour 2005 (11,15 millions d'euros d'investissements).
Il s'est défendu de vouloir remettre en cause la politique de protection du littoral. "La loi Littoral ne sera pas modifée parce qu'elle a été un outil extrêmement positif de conservation ces dernières années", a déclaré le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier.
"Il y a des décrets d'application qui n'ont pas été pris dans les années dernières. Nous allons étudier comment les prendre", a-t-il poursuivi sans autres précisions.
Ce sont ces décrets qui précisément inquiètent les écologistes, les élus locaux souhaitant de leur côté desserrer le carcan de la politique du littoral pour permettre l'essor d'activités économiques dans les zones côtières.
Les écologistes sont particulièrement vigilants sur la prochaine parution d'un décret réglementant les concessions ("paillottes") sur les plages.

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