CONJONCTURE. La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a présenté ses chiffres, le 11 juin, au lendemain de la sortie des chiffres officiels. De manière similaire, ils enregistrent une forte baisse des ventes comme des autorisations au premier trimestre 2020. Une situation qui n'a pas grand chose à voir avec la crise du covid.

Les chiffres sont sans ambiguïté. Des ventes de logements neufs en recul de 30% au premier trimestre, par rapport au T1 2019. Des mises en ventes qui connaissent une baisse de moitié sur la même période. Des réservations totales qui chutent de 30% également. L'année 2020 "débute mal", décrit Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI, lors de sa présentation, le 11 juin, des chiffres de l'observatoire du logement neuf de la fédération. La veille, le gouvernement avait rendu publics les chiffres officiels, qui donnaient les mêmes tendances.

 

Mais "le pire", explique-t-elle, c'est que ces mauvais résultats "ne prennent en compte que 15 jours de confinement". De fait, pour la FPI, "la tendance à la baisse était déjà là fin 2019", avec une "très forte contraction de l'offre". Elle "s'accentue début 2020, à cause de la période électorale à rallonge". Sur 12 mois à fin 2019, l'orientation à la baisse des autorisations et des mises en chantiers est manifeste, indique la présidente, malgré un petit sursaut des autorisations de maisons individuelles "assez inexplicable".

 

Accentuation de la baisse au deuxième trimestre

 

"Nous n'avons pas encore les données officielles à fin mars ni fin avril, par difficultés de collecte de l'État". Ce qui est sûr, c'est que cette baisse généralisée sera "accentuée" au deuxième trimestre. C'est "toute la filière de la construction neuve qui s'est arrêtée net, chantiers, actes de vente, permis", rappelle Alexandra François-Cuxac. Mais ce qui intéresse la présidente, ce n'est pas tant les conséquences du confinement que "les raisons culturelles qui ont provoqué la baisse" avant celui-ci.

 

"Le constat est clair : les promoteurs ne parviennent pas à mettre suffisamment de logements sur le marché". Et "les raisons de cette baisse sont connues : des permis de construire exagérément longs, tout particulièrement pendant le cycle électoral des municipales, des recours tous azimuts contre les permis obtenus, des coûts de travaux trop élevés, un manque de disponibilité des entreprises du bâtiment".

 

Demande de mesures exceptionnelles

 

"Il y aura 80.000 à 100.000 logements construits en moins en 2020 par rapport à 2019 si la tendance se confirme" s'alarme la présidente de la FPI. "A situation exceptionnelle, nous demandons des mesures exceptionnelles. Le gouvernement a été très agile pendant la crise, je veux croire qu'il sera capable de prendre des mesures fortes". La FPI "est en train de finaliser son plan de relance, avec des propositions extrêmement fortes". Ces propositions auront pour objectif de "recréer de la confiance et de rebooster les ventes, et peut-être provoquer un quatrième trimestre surprenant ? Il faut y croire", pour ne pas que 2020 ne soit "une année perdue".

 

Sans dévoiler le contenu de son plan, la présidente en a donné un avant-goût, en précisant que la FPI demanderait, comme mesure immédiate, la création d'un "régime provisoire" pour les permis, comme mesure de court terme un soutien à la demande et un accompagnement de la transition écologique, et pour le moyen terme, la libération de l'offre, alors que le pays est, comme elle a l'habitude de le répéter, "hyper-administré".

 

 

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