Jusqu'au 3 janvier 2005 à Paris, le Centre Georges Pompidou expose des photos d'architecture de Bernd et Hilla Becher : un parcours systématique au pays des sites industriels et de leurs équipements.

L'exposition réunit les photographies que ce couple allemand produit depuis la fin des années 1950, lorsqu'ils débutent la photographie de bâtiments à colombage et des constructions qui marquent le site des mines. Le choix du thème est constant : identifier un type de bâtiments, en faire l'inventaire, et procéder à une prise de vue extrêmement rigoureuse, en sélectionnant des paramètres qui garantissent l'unité des prises de vues successives : prise de vue frontale, à partir d'un point relativement haut, absence de présence humaine, lumière égale diffusée par un ciel couvert, etc.

Cette problématique les a conduit à un parcours systématique au pays des types architecturaux les plus forts de la construction contemporaine, les sites industriels et leurs équipements : puits d'extraction, avec leur chevalement, silos, hauts fourneaux, halles des machines, tour de réfrigération, châteaux d'eau, etc.
Bref, la structure de la civilisation industrielle trouve ici ses images. Et les paysages industriels, vus dans leur ensemble (mais ils ne sont pas reproduits dans le catalogue) sont saisis par les Becher dans leur âpre beauté.

Leur démarche nous apprend beaucoup de choses : sur l'identité primaire de toute construction, qui est typologique (ce qui est mon point de vue, et je jubile de voir que ces photographes font de ce postulat la base de leur démarche) ; sur ce qu'est la photographie, avec sa capacité à produire des séquences continues et homogènes d'images. C'était la démarche d'Atget.

Un regret : le texte académique du catalogue ne fait aucune place à des informations sur la technique photographique, le matériel, les conditions de la prise de vue. Alors que dans l'exposition, une image, et une seule, montre Bernd Becher au travail, juché sur une échelle double élevée, équipé de deux appareils, dont une chambre, sur des pieds de 4 m de haut ; voilà qui en dit long sur le travail physique qu'implique la prise de vue. Faut-il le préciser ? il s'agit d'images argentiques en noir et blanc.
Une exposition à voir, pour avoir à coup sûr des choses intéressantes à dire d'ici à la fin de l'année.

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