«L'année 2008 verra la fermeture probable de nombreuses agences immobilières, et ce ne sera que justice», lance Bernard Cadeau, président d'ORPI, le premier réseau en France: la période de vaches grasses liées au boom du secteur est en passe de se terminer.

«Malheur aux mauvais professionnels», avertit ce spécialiste alors qu'en Espagne, le conseil des Agences de propriété immobilière (API) vient d'indiquer que 40.000 des 80.000 agences ont fermé en 2007, entraînant la perte de plus de 100.000 emplois.

En France, aucun chiffre ne permet de faire des prévisions de fermetures d'agences. Mais, selon Michel Mouillart, professeur d'économie, en dix ans, le nombre d'agences immobilières a doublé, passant de 17.000 à 32.000, pendant que le volume des transactions augmentait de 37,6% et que les prix doublaient, augmentant considérablement les honoraires. Cela a fait venir des «professionnels pas toujours avertis» sur le marché, et déclenché des enquêtes au vitriol, très médiatisées, des associations de consommateurs et de la puissante Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). «La progression du marché s'est ralentie et les luttes entre professionnels de l'immobilier pour conserver les parts de marché se sont accrues», dit M. Mouillart qui estime que «les effets se font déjà sentir sur 2007». «Le taux de mortalité va être très élevé», prédit Henry Buzy-Cazaux, vice-président de Tagerim, en déplorant que la profession vive toujours «sur le fantasme des années glorieuses». «Il y avait des gens dans cette profession qui n'avaient rien à y faire», s'emporte Jean Lavaupot, directeur exécutif du réseau Era.

Aujourd'hui, les acheteurs sont plus attentifs, ils connaissent mieux le marché car comparer les prix est devenu facile avec la multitude de sites Internet dédiés. Cela se traduit très concrètement par un rallongement des délais de ventes et une négociation de plus en plus serrée de la part des acheteurs. «La situation du marché va requérir des compétences techniques et professionnelles», assure Bernard Cadeau, «une expérience que les ?agences champignons' n'ont pas». «Il ne va rester que les bons», se félicite Jean Lavaupot, «ceux qui font des efforts et s'occupent de leurs clients». «Il faut retrouver le sens du client», renchérit Henry Buzy-Cazaux qui reproche à la profession de ne pas avoir su se moderniser. Il faut instaurer «une approche marketing», estime celui qui vient de prendre la présidence de l'Ecole supérieure des professions immobilières. «Retrouver le sens commercial», insiste-t-il, en suggérant par exemple des espaces pour les enfants dans les agences, pendant que leurs parents étudient les offres ou encore de célébrer les signatures en débouchant une bouteille de champagne.

«Accueillir, sourire, suivre ses dossiers», conseille Jean Lavaupot qui veut «enrayer le processus inacceptable de non-respect du client» dans de trop nombreuses agences. En outre, la hausse des prix a fait croire aux propriétaires qu'ils étaient à la tête d'un patrimoine conséquent. Et, une fois vendeurs, ils ont des exigences qui ne correspondent pas à la réalité. L'agent immobilier doit être capable «d'argumenter et de convaincre le vendeur d'ajuster son prix au marché», indique Bernard Cadeau pour qui «l'expertise locale des vrais professionnels» est, aujourd'hui plus que jamais, «indispensable pour transformer la mise en vente en résultat». L'achat d'un logement est «le plus exorbitant de toute une vie», rappelle Henry Buzy-Cazaux, «il mérite d'être traité avec considération».

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