Les autorités afghanes ont mis la dernière touche à un ambitieux plan de reconstruction sur dix ans de leur pays ravagé par 23 ans de guerre, brûlant de s'atteler à la tâche, selon le ministre de la Planification Haji Muhammad Mohaqqeq.

Le plan de reconstruction sera soumis pour examen au gouvernement intérimaire au prochain conseil des ministres, a précisé mercredi M. Mohaqqeq à Kaboul.

"Une fois approuvé par le gouvernement, il sera présenté à Tokyo", à la conférence des donateurs des 21 et 22 janvier, a-t-il déclaré à l'AFP. "A Tokyo, nous espérons que la communauté internationale réalisera ses promesses d'aide à la reconstruction et à la réhabilitation de l'Afghanistan", a-t-il ajouté.

Dès que la conférence aura approuvé un budget et que les donateurs auront concrétisé leurs promesses, "nous serons prêts à démarrer dans les deux jours", a assuré le ministre.

L'Afghanistan a été ruiné par plus de vingt années de guerre, depuis l'invasion soviétique de 1979 à 1989, suivie d'une guerre civile de 1992 à 1996, puis du conflit armé pendant cinq ans entre l'Alliance du Nord et le régime des talibans au pouvoir.

Le prix à payer par le pays est exorbitant : un tiers de Kaboul est en ruine, les services du téléphone, de l'électricité et de l'eau n'existent que dans quelques villes, et l'économie est réduite à quasiment zéro.

Beaucoup d'infrastructures sont détruites, environ 10 millions de mines sont enfouies dans le sous-sol afghan, et la plupart des routes, écoles et habitations doivent être reconstruites.

Le coût de la reconstruction du pays est estimé de 6,5 milliards de dollars au minimum jusqu'à 25 milliards.

Selon M. Mohaqqeq, dès que les fonds commenceront à être débloqués, la réhabilitation de l'Afghanistan débutera très sérieusement. "Tout est prêt pour mettre le plan en oeuvre, nous n'avons besoin que de l'argent", a déclaré le ministre.

La priorité absolue pour le plan de reconstruction est d'assurer la sécurité à travers le pays, a-t-il dit en ajoutant : "Nous sommes soucieux de voir bientôt rentrer en Afghanistan toutes les personnes déplacées et tous les réfugiés qui vivent à l'étranger ".

"Nous voulons aider les gens à reconstruire leurs maisons. Nous espérons pouvoir leur donner des matériaux de construction, et pour les paysans, quelques vaches, du matériel agricole et des graines".

Pour convaincre de rentrer au pays les plus de cinq millions de réfugiés afghans qui vivent dans des camps au Pakistan et en Iran, la nouvelle administration intérimaire, mise en place le 22 décembre pour une période de six mois, doit pouvoir leur offrir des emplois, a indiqué M. Mohaqqeq.

Le plan de reconstruction prévoit des projets à plus ou moins long terme, allant jusqu'à 10 ans. "Dans le court-terme, par exemple, nous avons la reconstruction des écoles, et dans le long terme celle des routes". De nombreuses ONG ont déjà commencé à réaliser des projets de reconstruction.

A Tokyo, la délégation afghane sera conduite par le chef du gouvernement intérimaire Hamid Karzai et comprendra notamment le ministre de la Planification, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, le ministre de la Reconstruction, Amin Farhang, et le ministre des Finances Hedayat Amin Arsala. M. Mohaqqeq espère avec ferveur que les nations étrangères vont tenir leurs promesses. "Si elles abandonnent de nouveau l'Afghanistan, cela affectera non seulement l'Afghanistan, mais par ricochet la région entière et le reste du monde", selon lui.

actionclactionfp