A Equip'Baie, Jean-Pierre Loustau, directeur de la société de conseil TBC, a révélé le contenu de son étude bi-annuelle sur le marché de la fenêtre et ses perspectives.

Quelle a été l'évolution du marché de la fenêtre au cours des dernières année ?

On note une forte croissance entre 1998 et 2000, passant de 6,8 à 7,61 millions d'unités. L'augmentation du nombre de logements neufs et la montée en puissance de réseaux de distribution de fenêtres expliquent ce développement. Entre 2000 et 2002, la croissance a connu un affaiblissement dû au ralentissement de la construction. Néanmoins, le soutien du marché de la rénovation par les aides de l'État permet de rester dans des perspectives plutôt positives. On peut déjà dire qu'en 2002 le marché plafonne et que pour 2003, nous revoyons nos prévisions à la baisse...

Quelles conséquences pour le verre, les verriers, les miroitiers... ?

La fenêtre est passée d'une ère artisanale à une logique industrielle où la fabrication s'est organisée autour de grosses sociétés centralisant des activités autrefois dispatchées. La distribution a suivi ce chemin et on assiste aujourd'hui à la montée en puissance des réseaux de distribution. L'enjeu pour les verriers par rapport à tous ces regroupements est de livrer dans les meilleurs délais de gros volumes en maintenant la qualité. Auparavant, il s'agissait de petits volumes à échelle locale. La demande en verre reste bien évidemment liée à la demande en fenêtres, elle suit donc la même direction...

Le vitrage peut-il être considéré comme moteur dans l'évolution technologique des fenêtres ?

Le verre a effectivement un rôle important à jouer. Il est une sorte de guide dans le sens où des vitrages performants appellent des qualités accrues au niveau du cadre. Poser un vitrage de haute-technologie sur une fenêtre peu compétitive n'aurait pas de sens.

Quelles sont justement les innovations actuelles et futures ?

Les avancées concernent en majorité la question thermique. Le verre a en effet été capable d'évoluer avec des couches de faible émissivité de 0,15 (de coefficient d'émissivité) en 1996 puis de 0,05 en 2002, passant ainsi d'un coefficient U de 1,7 à 1,4. Combiné à un double-vitrage à gaz argon, on peut arriver à un coefficient U de 1,1. Ces vitrages très performants en matière thermique nécessitent un cadre adéquat, à savoir des profilés multichambres pour le PVC, de l'aluminium à rupture du pont thermique ou du bois lamellé.

Vous avez présenté lors d'Équip'Baie l'étude de TBC : " La fenêtre, prospective à 5 ans ". Quelles sont les conclusions ?

Côté marché, on assiste à un ralentissement de la croissance. L'industrialisation se poursuit avec l'émergence de fabricants multimatériaux et de nouveaux types de distribution. Le consommateur devient de plus en plus expert et ses exigences entraînent une montée en puissance de la certification. Au point de vue technologique, le thermique est toujours en ligne de mire.

Quel avenir pour la fenêtre ?

Après l'organisation et le regroupement dans la fabrication puis la distribution, je pense que la prochaine étape concernera la mise en oeuvre, autrement dit la pose. Le bloc baie va évoluer comme un élément actif et autonome de l'habitat. Les innovations du verre, en matière thermique, acoustique et de sécurité, seront des moteurs d'incitation à la rénovation. Notez qu'en 2000, le taux de remplacement de la fenêtre était de 5,7 % en France, contre 16 % en Allemagne et 12 % en Angleterre. Et le taux d'équipement en double vitrage atteint (en 2000) 47 % en France contre 70 % en Allemagne. Le marché français de la fenêtre bénéficie donc encore de belles perspectives...

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