Les VMC présenteraient un nombre de dysfonctionnements potentiellement graves, à la fois pour la performance énergétique des nouveaux bâtiments, mais également pour la santé de leurs occupants. Explications avec Olivier Sidler, ingénieur énergéticien et directeur d'Enertech.

Dans le cadre de la 10e Convention Efficience Energétique du Bâtiment, qui s'est tenue ce mardi 1er octobre à la Cité des Sciences de la Villette, Cardonnel Ingénierie a choisi de donner la parole à Olivier Sidler, président d'Enertech, en tant que "grand témoin" de cette journée. Egalement orateur à la présentation des nouvelles fiches pathologie bâtiment de l'AQC la veille, il a choisi, les deux fois, d'attirer l'attention sur les questions de ventilation, d'étanchéité à l'air et de migration de la vapeur d'eau. "Cela va créer de nombreux problèmes, avec des dysfonctionnements potentiellement graves en relation avec les nouvelles réglementations", prévient-il en préambule.

 

L'épineuse question des débits
"Tout d'abord, quels sont les débits nécessaires pour une bonne ventilation ?", s'interroge-t-il. "Pour le gaz carbonique, à la concentration maximale admise de 1.000 ppm il faut 27 m3/heure/personne dans un logement, soit 0,5 volume/heure. A la concentration légèrement supérieure de 1.300 ppm, c'est un débit de 18 m3/h/personne qui est requis. Pour le formaldéhyde, un polluant classé cancérogène certain, il faut 0,6 volume/heure en débit permanent", expose le spécialiste. "Or, une ventilation hygro-réglable classique offre un débit moyen de seulement 0,3 volume/heure. Ce qui pose donc un vrai problème de santé publique à terme". En procédant à une campagne de mesures de différentes installations, il a toutefois été constaté que les systèmes de ventilation présentaient en fait des débits beaucoup plus importants que prévu, de l'ordre de 0,7 volume/heure. "D'où un autre problème : des factures beaucoup plus élevées liées à la dérive importante de la note de chauffage", poursuit Olivier Sidler. Les systèmes présenteraient de plus de très faibles variations journalières. En cause ? Le manque d'étanchéité à l'air des réseaux, réduisant à néant les fonctions de pilotage.

 

Un bâtiment en dépression surconsomme de l'énergie
Selon le directeur d'Enertech, les pressostats à l'entrée des caissons extérieurs ne seraient jamais correctement réglés, calés en permanence sur leur ouverture maximale. Quant à la VMC double flux, le spécialiste est catégorique : "Elle fonctionne en tertiaire mais jamais dans le logement ! Les débits sont mal réglés et ne sont jamais équilibrés entre l'entrée et l'extraction… On observe souvent une chute du débit soufflé due à l'encrassement du filtre à air. On s'est rendu compte qu'il faudrait le changer très fréquemment, tous les quatre mois ! Au lieu d'une fois tous les ans ou tous les deux ans". Avec un bâtiment en situation de dépression, des infiltrations d'air non réchauffé se produisent par tous les interstices et entraînent encore une surconsommation de chauffage.

 

"Le secteur de la ventilation mécanique est le secteur qui marche le plus mal dans le bâtiment !", martèle Olivier Sidler. "Jusqu'à présent les défauts étaient corrigés par les infiltrations d'air mais avec des bâtiments plus étanches cela va changer". Et les conséquences seront un non-respect des performances thermiques annoncées. "Il faut apprendre à faire fonctionner correctement les installations, nous n'avons pas le choix ! Faute de quoi nous aurons une recrudescence des pathologies", conclut l'énergéticien.

 

Consommation normalisée et consommation réelle :
Pour Olivier Sidler, il serait absurde de vouloir comparer une consommation normalisée et une consommation réelle dans le cadre d'une garantie de performance énergétique. "C'est un piège dans lequel il ne faut pas tomber. Trop de choses peuvent changer entre les calculs et la réalité de la vie d'un bâtiment. Il ne viendrait à personne l'idée de poursuivre un constructeur automobile parce que la consommation de son véhicule n'est pas exactement celle revendiquée lors d'un essai normalisé !". Les calculs ne constitueraient de ce fait qu'une indication. Le président d'Enertech prend pour exemple la température d'usage : "Si l'utilisateur l'augmente de 1 °C, ce n'est plus 7 % de surconsommation, mais désormais 15 à 20 % d'énergie de plus qu'il faudra, puisque les bâtiments sont basse consommation".

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