La construction du grand stade olympique de Tokyo pilotée par l'architecte japonais Kengo Kuma pour l'été 2020 vient d'être endeuillée par le suicide d'un ouvrier de 23 ans poussé à bout selon sa famille par un nombre excessif d'heures supplémentaires. Précisions.

Un drame sur le chantier du stade olympique de Tokyo piloté par l'architecte Kengo Kuma sème le trouble à trois ans de l'organisation des Jeux Olympiques d'été en 2020. Un jeune ouvrier en bâtiment, qui avait été engagé sur le chantier en décembre, avait accumulé 200 heures supplémentaires sur le mois qui a précédé la découverte de son corps en avril, a indiqué ce vendredi 21 juillet 2017 à l'AFP l'avocat de la famille, Hiroshi Kawahito.

 

Ses parents ont en fait déposé la semaine dernière une demande de dédommagements. Ils ont aussi demandé au Gouvernement que la perte de leur fils soit reconnue en tant que cas de "karoshi" ou mort par excès de travail, dont sont dans l'archipel victimes des centaines de personnes par an, terrassées par une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral ou poussées au désespoir.

 

Des emplois du temps "extrêmement serrés"

 

L'avocat M. Kawahito a décrit des emplois du temps "extrêmement serrés" sur le chantier et des ouvriers "soumis à de fortes pressions". L'avocat précise aussi que le jeune homme, dont le nom n'est pas dévoilé, avait disparu en mars, laissant un mot où il disait avoir "atteint la limite physique et mentale".

 

"Nous étions inquiets de voir son peu d'heures de sommeil", ont dit ses parents dans un communiqué, ajoutant qu'il se réveillait à 4h30 du matin pour revenir à la maison à minuit. "Nous ne voulons pas que d'autres gens meurent de surmenage comme notre fils", ont-ils déclaré.

 

A noter que la durée légale de travail est au Japon de 40 heures par semaine, complétée par un plafond théorique de 45 heures supplémentaires par mois qui vole en éclats quand existe un accord d'entreprise.

 

"Tout faire pour veiller à ce qu'un tel événement tragique ne se reproduise pas", Tokyo 2020

 

Du côté des réactions, les organisateurs des jeux Olympiques de Tokyo 2020 se sont dits "attristés" par la nouvelle, s'engageant à "tout faire pour veiller à ce qu'un tel événement tragique ne se reproduise pas".

 

Kengo Kuma affichait une sérénité le 5 juillet 2017 à Paris

 

Rappelons qu'après avoir dévoilé la "gare colline" de Saint-Denis Pleyel (Seine-Saint-Denis), le 5 juillet 2017 à la Maison de l'Architecture d'Ile-de-France, l'architecte Kengo Kuma avait commenté la réalisation du stade olympique. Pour celui de Tokyo, de loin son plus gros projet, il affichait une sérénité et rêve aujourd'hui d'un lieu "qui suscite l'émerveillement des enfants", tout en étant capable d'accueillir 80.000 personnes. "J'ai toujours voulu faire de l'architecture qui respecte la tradition de la culture japonaise et adapter ses principes aux caractéristiques du XXIe siècle: la vitesse, la circulation et le besoin d'espace", avait-il expliqué.

 

Kengo Kuma est attendu au tournant après avoir hérité du projet initialement dévolu à Zaha Hadid, une Britannique d'origine irakienne star de l'architecture et depuis décédée. En lice contre Toyo Ito en 2015, l'architecte Kengo Kuma avait su convaincre par un projet "conforme aux critères de coût et de délais". Abandonné en juillet 2015 en raison de coûts onéreux, le projet de stade olympique refaisait surface. Désormais, le compte à rebours a commencé pour que l'enceinte soit livrée avant l'été 2020.

 


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