Très dégradé, l'immeuble haussmannien situé 16-18 rue Vulpian, dans le 13e arrondissement de Paris, a bénéficié d'une première : une isolation par l'extérieur grâce à une technique alliant injection en phase aqueuse de mousse isolante thermique efficace et finition traditionnelle plâtre et chaux. Zoom sur le procédé.

Un nouveau procédé d'isolation par l'extérieur avec finition enduit traditionnel a été mis en œuvre sur le chantier de rénovation d'un immeuble haussmannien de la rue Vulpian, dans le 13e arrondissement parisien. Une solution adaptée aux façades anciennes qui a permis de respecter l'authenticité de l'architecture tout en bénéficiant d'une bonne isolation thermique. Car jusqu'à présent, pour des raisons de préservation du patrimoine, l'isolation par l'extérieur était exclue. Seule était possible l'isolation par l'intérieur, obligeant les occupants à se priver d'environ 6 % de leur surface habitable !

 

C'était sans compter sur l'adoption du système Isothentic de la société Peinteco pour isoler, à l'occasion du ravalement, la façade arrière (sur cour) et le pignon sud (façade latérale). Les architectes en charge du projet, Gérard Fery et Baptiste Coulon, optent pour ce procédé, aperçu au Canada, qui permet d'apporter une amélioration du confort thermique tout en respectant les caractéristiques architecturales (encadrements, corniches, etc.). Un souhait émis par Paris Habitat-OPH, le propriétaire des lieux.

 

Un procédé aux multiples étapes
Le procédé a consisté à injecter sur les murs anciens, profondément piochés et réparés, de la mousse isolante Icynene puis à reconstituer par-dessus une nouvelle façade plâtre et chaux, à l'identique de l'originale. Un principe simple en apparence mais qui nécessite de nombreuses étapes de mise en œuvre. Suite au piochage des enduits, datant de 1899 et donc totalement dégradés, les ouvriers ont d'abord vérifié les fonds et les ont remis en état. Ensuite, une armature métallique « poutrafil » a été mise en place afin de servir de support et de coffrage à la mousse isolante. Cette dernière, injectée en phase aqueuse à 60 °C, adhère à tous les types de supports, épouse les zones à traiter de manière homogène et sans tassement. Grâce à sa légèreté (6-8 kg/m3) et son expansion très rapide, elle atteint les endroits les plus inaccessibles et les plus infimes cavités. Non polluante, composée à 99 % d'air, la mousse expansée bénéficie logiquement d'une grande longévité et d'une certaine résistance au feu - contrairement au polystyrène expansé.

 

L'étape d'injection de la mousse s'avère finalement des plus rapides : en une journée, ce sont 200 m² de façade préparée qui peuvent être isolés. Suite à l'opération, un pare-pluie a été installé (pour éviter toute infiltration), ainsi qu'un treillis soudé galvanisé avec écran cartonné type « stucanet ». Il a servi à la mise en œuvre d'un corps d'enduit, à savoir une finition de Montmorency (plâtre-chaux Vieujot) qui permet de conserver l'aspect traditionnel de l'immeuble. La solution est compatible avec les recommandations des Architectes des Bâtiments de France. Reste la question de son coût : il est estimé à environ 12.000 € pour un appartement présentant une façade de 15 mètres de long (par 3 mètres de haut, soit 45 m² de mur à traiter).

 

Une surépaisseur faible
Quant aux performances thermiques et acoustiques, le projet ne cherchait pas à atteindre d'objectifs précis comme ceux du plan Climat de la Ville de Paris : la façade côté rue notamment, en pierre de taille, aurait nécessité de lourds travaux d'isolation par l'intérieur, impossibles en raison de l'occupation de l'immeuble. Il est intéressant de noter que la surépaisseur apportée par la structure métallique et la mousse est partiellement effacée par le travail réalisé sur le fonds de la façade. De plus, il existe un droit de saillie de 20 centimètres sur la voie publique, dont les demandes sont étudiées au cas par cas par la municipalité.

 

Fiche technique :
Localisation : 16-18 rue Vulpian, 75013 Paris ;
Type d'intervention : ravalement des façades avec réalisation d'isolation thermique de la façade sud et de la cour avec procédé Isothentic et finition plâtre et chaux ;
Maître d'ouvrage : Paris Habitat-OPH ;
Architectes : Gérard Fery, Baptiste Coulon - Atelier les Particules ;
Entreprise générale : SMCE ;
Bureau de contrôle : BTP Consultants ;
Isolation thermique des façades : Peinteco SAS ;
Surface à traiter : 715 m² ;
Durée des travaux : 5 mois ;
Effectif : 6 ouvriers

actionclactionfp

Façade avant travaux

Peinteco
Peinteco © Peinteco
La façade côté cour avant les travaux, à la finition plâtre de Montmorency.

Détail de la façade

Peinteco
Peinteco © Peinteco
Les enduits datent de la construction de l'immeuble, en 1899. Ils sont totalement déteriorés.

Mise en place de l'armature

Peinteco
Peinteco © Peinteco
Suite au piochage des enduits et à l'inspection des murs, les ouvriers ont intallé une armature métallique "poutrafil". Elle doit servir de support et de coffrage à la mousse isolante.

Prêt pour l'injection

Peinteco
Peinteco © Peinteco
La façade, recouverte par l'armature et une bache destinée à étanchéifier la zone, est prête à être traitée.

Injection

Peinteco
Peinteco © Peinteco
L'étape d'injection de la mousse expansée, en phase aqueuse. Prisonnière entre le mur et la structure temporaire, elle occupe tout l'espace y compris des petites fissures, des gaines de câble, etc.

Retrait du coffrage

Peinteco
Peinteco © Peinteco
Rapidement la mousse sèche et durçit. Il est alors possible de retirer le coffrage et d'obtenir une surface lisse et régulière.

Mise en place du treillis soudé galvanisé

Peinteco
Peinteco © Peinteco
Afin de pouvoir procéder aux travaux de finition, un treillis soudé galvanisé avec écran cartonné est installé, avec un pare-pluie (pour éviter toute infiltration).

Finition

Peinteco
Peinteco © Peinteco
La façade prête à recevoir une finition type plâtre et chaux qui respectera l'aspect initial de l'immeuble.

Camion Icynene

Peinteco
Peinteco © Peinteco
Le camion de démonstration Icynene installé à proximité du chantier. Il abrite une installation technique importante avec pompe, deux fûts de produits chimiques de 40 litres chacun, et système de réchauffage pour que ces produits soient au chaud.