La première pierre symbole du nouveau World Trade Center a été posée le 4 juillet, mais les plans sont loin d'être totalement finalisés pour une reconstruction qui devrait prendre une dizaine d'années.

Le site où se dressaient, dans le sud de Manhattan, les tours jumelles anéanties le 11 septembre 2001 et où 2.749 personnes ont perdu la vie, est encore un énorme trou, comme une immense excavation de chantier.
La réalisation majeure est la réouverture de la station de métro, dont le grand auvent métallique sur le trottoir accueille les passagers, qui disparaissent en sous-sol pour rejoindre les quais.

Aux abords, un immeuble de verre est en construction pour remplacer la "tour 3", disparue elle aussi. Le bâtiment de la Deustche Bank, qui doit être démoli, est lui toujours recouvert de son voile noir.

Le nouveau World Trade Center, qui n'a pas encore de nom propre, devrait prendre forme "d'ici quatre ou cinq ans", a promis l'architecte Daniel Libeskind, concepteur de l'ensemble, lors d'une conférence de presse mardi.
"Cela fait juste un an et demi que nous y travaillons, nous avons fait des progrès immenses".

Le tout, qui devrait être terminé pour 2013 pour quelque 12 milliards de dollars, comprendra un mémorial - transformant en bassins les fondations des tours jumelles, deux complexes culturels, une gare locale et cinq immeubles de bureaux, dont la fameuse "Tour de la Liberté".

Surmontée d'une antenne, cette tour, la plus haute du monde, mesurera 541 m - soit 1.776 pieds (année de l'Indépendance américaine) - et aura 65 étages.
Mais si le gouverneur de l'Etat en a posé la première pierre le 4 juillet, fête nationale, le gratte-ciel ne sera pas achevé avant 2008 ou 2009.
Pour le mémorial aux victimes, les plans d'un jeune architecte, Michael Arad, ont été sélectionnés après concours, et sont encore en phase de finalisation.

Plusieurs compagnies de théâtre et de danse ont aussi été choisies pour s'installer dans le nouveau World Trade Center. Il reste à désigner les architectes chargés de concevoir leur lieu de résidence.
"Ce ne sera pas que des buildings les uns à côté des autres", explique
Daniel Libeskind. "Ce sera aussi de créer de nouvelles rues, qui permettront de relier les deux rives de Manhattan en quelques minutes. Ce sera une concentration nouvelle d'activités culturelles, qui en fera un quartier ouvert 24 heures sur 24, très différent" de la zone de bureaux qu'était le World Trade Center.

Mais l'enthousiasme de l'architecte ne peut masquer les amères divisions qui ont marqué ces mois de débats autour de la reconstruction du site et ont conduit à en partie réviser son projet de départ.

Difficile, de fait, de conjuguer les intérêts des familles - dont certaines refusent toute idée de reconstruction - des politiques qui voulaient voir poser la première pierre dès que possible, ou du détenteur du bail Larry Silverstein qui compte bien retrouver un maximum d'espace de bureaux.

Daniel Libeskind, désigné après un concours international début 2003, en a fait l'expérience, quand il s'est vu imposer par Silverstein un co-architecte, l'Américain David Childs, qui a revu notamment sa Tour de la liberté.
La controverse est devenue claire quand en juillet il a engagé une procédure judiciaire contre le propriétaire du bail pour obtenir le paiement de ses honoraires.

Daniel Libeskind dément toute marginalisation et désormais préfère se voir comme le coordinateur qui intégrera tous les projets dans l'ensemble.
"Rejoindre ce projet a changé ma vie, il est sans précédent dans l'Histoire, dit-il. Ce n'est pas facile de travailler au milieu de ces forces, chaque minute il y a un coup de téléphone, chaque minute il y a de la pression. Mais jamais je n'ai pensé me retirer".

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