Les différentes techniques des énergies marines renouvelables en France et outre-mer ont été passées au crible du CGEDD et du CGIET, qui viennent de présenter un rapport sur ce sujet, dans lequel ces organisations dressent une cartographie du potentiel de leur développement. L'énergie hydrolienne reste en tête et devrait faire l'objet d'un appel d'offres en 2015-2016.

Après examen des perspectives de développement des énergies marines renouvelables (EMR) et des filières industrielles correspondantes, le CGEDD (Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durable) et le CGIET (Conseil Général de l'Économie, de l'Industrie, de l'Énergie et des Technologies) ont attesté du bon positionnement de l'industrie française dans ce domaine.

 

L'énergie hydrolienne, une valeur sûre
Parmi les principales conclusions du rapport, rendu public ce vendredi 3 mai 2013, il ressort que "l'énergie hydrolienne est proche d'un développement industriel", d'où le lancement imminent d'un appel à projets pour l'installation de fermes-pilotes qui se situeront au raz Blanchard et au raz Barfleur (Basse Normandie), ainsi qu'au passage du Fromveur en Bretagne. Ces trois parcs "de 5 MW minimum" bénéficieraient d'un tarif d'achat bonifié et seraient construits en 2014-2016, suggère le rapport. Parallèlement, un appel d'offres pour les grands parcs d'hydroliennes pourrait être lancé en 2015 ou 2016, d'une capacité de 300 à 500 MW, pour une construction à partir de 2016 et jusqu'à 2020.

 

Concernant l'éolien offshore flottant, il fait, selon le rapport, "l'objet d'ores et déjà de technologies prometteuses pour les eaux côtières profondes (au-delà de 40 m) en cours de test", notamment en Bretagne et Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est pour cette raison que le rapport préconise l'installation de fermes expérimentales d'ici à deux ans. A ce titre, le rapport propose un appel d'offres pour des fermes pilotes en 2014 ou 2015, puis un autre pour des installations commerciales vers 2018-2020.

 

Série d'appels à projets
Du côté de l'énergie houlomotrice - qui transforme l'énergie des vagues et de la houle en courant - de nombreuses technologies concurrentes ont fait leur apparition : un appel d'offres pour des tests pilotes serait programmé pour 2015-2016, en vue du lancement de projets commerciaux à partir de 2020-2022. Pour les énergies thermiques des mers - qui consistent à utiliser dans les zones tropicales le différentiel de température entre l'eau chaude des surfaces et l'eau froide des fonds - le CGEDD et le CGIET recommandent le lancement de projets commerciaux de 20 MW chacun à l'horizon 2020-2025. En revanche, l'énergie marémotrice "se heurte à des difficultés d'intégration dans l'environnement (fermeture d'estuaires) ne permettant pas de projets réalistes en France", note le rapport.

 

Renforcer la filière industrielle nationale
Après cette cartographie, le rapport fait quelques suggestions plus "politiques". Ainsi, les rédacteurs du rapport, suite aux contacts et échanges avec les collectivités locales, peuvent témoigner "d'une bonne acceptabilité sociale des EMR". Ces dernières y voient en effet une source de "diversification et de décarbonisation du mix énergétique national et régional", ainsi que l'opportunité de "créer localement de nouveaux emplois industriels". Mais pour parvenir à une exploitation commerciale de tous les projets cités, une "planification des espaces maritimes disponibles" se révèle indispensable. Elle doit en outre être "animée et coordonnée par l'Etat dans un cadre devenu européen", suggère le rapport. L'Etat, qui doit aussi proposer "des mesures compensatoires" si besoin.
Sur le plan juridique, "la mission a constaté que les projets EMR sont soumis à un ensemble complexe de règles juridiques, sources probables de retards sinon de contentieux". Il opte donc pour une simplification de ce cadre réglementaire et législatif, "tout en conservant un niveau élevé de protection de l'environnement". Point d'orgue de ce passage : la création d'un "guichet unique" pour les porteurs de projets. Enfin, le rapport a indiqué que "plusieurs groupes industriels français et de nombreuses PME (…) sont en mesure techniquement et économiquement de prendre position dans cette filière des EMR". Mais d'abord, "l'Etat doit afficher sa stratégie" afin de préparer un calendrier de développement et sécuriser le financement de ces projets. "Renforcer l'organisation et la structuration de la filière industrielle française", voilà la préconisation des auteurs du rapport.

 

Voir le rapport dans son intégralité

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