Alors que la reprise de l'activité se poursuit dans le bâtiment depuis fin 2015, la Fédération française du bâtiment (FFB) prévoit une progression de son chiffre d'affaires de 1,2 % pour cette année. L'occasion aussi pour son président Jacques Chanut de rappeler les principales inquiétudes du moment.

"Pour le bâtiment, qui pèse 6 % du produit intérieur brut (PIB), et une kyrielle d'entreprises en France, la reprise dans notre secteur s'accélère depuis fin 2015 et nous le ferons savoir aux futurs candidats à l'élection présidentielle 2017", a, répété Jacques Chanut, président de la Fédération, française du bâtiment (FFB), ce mercredi 14 septembre 2016, qui prévoit ainsi ses prévisions de croissance d'activité pour les entreprises du secteur cette année. La FFB anticipe ainsi pour 2016, une progression de son chiffre d'affaires de 1,2 %, alors qu'elle anticipait seulement 0,9 % en décembre 2015.

 

"La forte hausse des ventes de logements du secteur privé est indéniable", a reconnu Jacques Chanut. En 2015, elles ont progressé de 13,3 % dans l'individuel diffus et de 19,8 % dans le collectif ; elles s'inscrivent encore en hausse de 14,2 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2016 dans l'individuel et de 18,0 % sur deux trimestres dans le collectif.

 

Vers une prévision d'environ 375.000 logements mis en chantier en 2016, soit une hausse de 8,6 %

 

Malgré tout, ces données officielles d'activité fournies par la FFB restent en-deçà de telles tendances, avec des hausses respectives limitées à 5,5 % et 5,7 % pour les permis et mises en chantier, indique la Fédération du bâtiment. "Cela provient toutefois très probablement d'une difficulté à mesurer les évolutions à l'œuvre dans l'individuel, qui ressortent étales", a tenté d'expliquer le président de la FFB. En corrigeant ce biais, "nous prévoyons donc environ 375.000 logements mis en chantier en 2016, soit une hausse de 8,6 %", a-t-il avancé.

 

Côté non résidentiel neuf, une reprise plus rapide que prévue se dessine pour les hors locaux agricoles et hôtellerie, en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2016. Les surfaces autorisées et commencées s'inscrivent respectivement en hausse de 8,5 % et 3,1 %, alors que leurs prévisions de décembre 2015 pour 2016 ont tablé sur un recul de 1 % à 2 % des surfaces mises en chantier.

 

Toutefois, l'amélioration-entretien, qui comptait pour 56 % de l'activité bâtiment en 2015, demeure le dernier élève de la classe avec une croissance limitée à 1,0 %. "Nous constatons ainsi que la reprise ne bénéfice pas à toutes les zones géographiques, souligne Jacques Chanut. La fracture tend même à s'agrandir entre les territoires économiquement et démographiquement dynamiques, qui bénéficient de la reprise du neuf, et les autres zones, qui restent à l'écart de la reprise, même si les besoins y restent importants." "C'est pourquoi d'après, nous, la requalification de nombre de bourgs et petits ou moyens centres-villes s'y avère indispensable", a martelé Jacques Chanut.

 

Malgré tout, la destruction d'emplois dans le bâtiment sera moins visible cette année, signale la FFB, en faisant référence aux 11.200 postes supprimés en 2015-2016 à comparer aux 35 600 emplois disparus en 2014-2015. "Le tassement de tendance s'avère donc net et les premières informations disponibles sur le troisième trimestre laisse à penser que la stabilisation est en cours", précise Jacques Chanut.

 

Apprentissage : "Le bâtiment, le seul secteur qui ne démarre pas..."

 

Parmi les sujets de préoccupation, Jacques Chanut a plusieurs fois cité l'apprentissage dans le BTP, dont l'activité a dégringolé de -13% à la rentrée 2015. "Et pire, les effectifs de première année de CAP baissent de -0,9% à la rentrée 2016", commente le président de la FFB. En effet, malgré les différentes mesures annoncées, il y a encore des freins à l'apprentissage notamment pour les jeunes mineurs dans le BTP, s'est-il défendu devant la presse.

 

La trésorerie des entreprises n'est pas en reste. "Il est indispensable que les banques, les assureurs et assureurs-crédit et les fournisseurs continuent d'accompagner nos entreprises", a ajouté Jacques Chanut. Dans le cas contraire nous connaîtrions la même situation qu'au tournant des années 2000 avec des faillites d'entreprises en pleine période de croissance."

 

Quant au compte pénibilité, "le dispositif reste trop compliqué." "S'agissant du référentiel de branche pour sécuriser les entreprises en cherchant à simplifier l'application du dispositif, cela n'avance pas, nous ne savons pas faire", tonne Jacques Chanut.

 

Le ministère du Travail a d'ailleurs donné du temps aux entreprises qui, concernant les facteurs 2016, auront jusqu'en septembre 2017 pour faire leur déclaration, voire jusqu'en 2020 s'il s'agit de rectifier favorablement aux salariés. Dans ce sens, la FFB demande toujours un moratoire d'un an et une simplification du dispositif.

 

Travail détaché, le combat continue

 

Le dispositif devrait être techniquement opérationnel d'ici à la fin de l'année et les 2,7 millions de cartes BTP devraient être imprimées d'ici là et distribuées tout au long du premier trimestre 2017.

 

La FFB prépare elle aussi la campagne présidentielle 2017

 

Enfin, le président de la FFB a rappelé le contexte pré-élection présidentielle de 2017. "Nous recevrons dans le courant du mois d'octobre plusieurs candidats de la droite et du centre déclarés, dont François Fillon, Bruno Le Maire, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, afin qu'ils nous fassent part de leurs convictions et leur programme, a annoncé Jacques Chanut. De même, nous serons sans doute amenés à reconduire ce processus si une primaire était organisée à gauche, en décembre prochain." Par conséquent, la FFB a d'ores et déjà listé des thèmes de campagne pour les futurs candidats comme la "territorialisation de la politique du logement", la "revitalisation des centre-bourgs", "les charges", "les normes sociales" et enfin l'incontournable sujet épineux : la pénibilité.

 

 


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