L'architecte en chef des monuments historiques Alain-Charles Perrot s'est donné dix ans pour remettre à neuf des pierres vieilles de 2.000 ans, sans interrompre les spectacles.

L'amphithéâtre romain d'Arles, classé au patrimoine mondial de l'humanité, sera entièrement restauré d'ici dix ans, des voûtes jusqu'aux gradins, sans que, promet-on, toreros et aficionados ne pâtissent de ce vaste chantier.

L'architecte en chef des monuments historiques Alain-Charles Perrot - qui fut responsable de la restauration du Parlement de Bretagne incendié - a lancé en décembre ce chantier qui devrait coûter plus de 30 millions d'euros.

Noircis, infiltrés d'eau, souvent instables, les énormes blocs de pierre des arènes sont en place depuis deux mille ans. Vingt-mille spectateurs s'y pressent, au tout début du Ier siècle, pour des combats de gladiateurs. A la chute de l'Empire romain, "la ville entière se réfugie à l'intérieur de son enceinte", raconte le conservateur Jean-Michel Rouquette. Durant le haut Moyen-Age, des maisons s'y construisent, les arènes deviennent forteresse.

Il faut attendre le XIXe siècle pour voir "s'éveiller le goût des ruines". En 1826, la municipalité fait détruire les 212 maisons qui encombrent l'amphithéâtre et, en 1830, la première course taurine y est donnée pour célébrer la prise d'Alger.

Aujourd'hui, il faut "cristalliser la ruine", estime M. Perrot. "Stopper ses altérations et la conserver telle qu'elle est, en gardant les traces des interventions qu'elle a subies au fil des siècles".

D'ici la fin 2003, 7 travées sur 60 seront remises en valeur. Déjà, les premières pierres ont été débarrassées des mousses qui les noircissaient et nettoyées par micro-sablage. Dans les carrières de Fontvieille, le laboratoire d'étude et de recherche sur les matériaux (LERM) a retrouvé une pierre identique à celle de l'époque antique. Mais les blocs ne seront remplacés que "dans les cas les plus dramatiques", précise M. Perrot. Le plus souvent, ils seront consolidés avec un mortier ayant l'aspect de la pierre.

Surtout, les arènes retrouveront leur promenoir, au-dessus de la galerie voûtée qui entoure l'édifice, d'où "l'on aura une vue exceptionnelle sur la ville". Les soins à la couronne extérieure ne devraient s'achever qu'en 2006-2007. Puis il faudra plusieurs années pour restaurer l'intérieur, agrandir la piste et créer un nouveau système de gradins recueillant les eaux de ruissellement.

"Il était temps de restaurer cet amphithéâtre, relève le maire communiste d'Arles, Hervé Schiavetti, car on se posait sérieusement la question de sa solidité". La ville de 50.000 habitants, qui dépense plus de 700.000 euros par an pour sauvegarder ses 70 monuments classés, finance 5% de ce chantier, l'Etat apporte la moitié des fonds, la région et le département des Bouches-du-Rhône le reste.

L'amphithéâtre et le théâtre antique ont reçu 300.000 visiteurs payants en 2000. Les travaux devront se faire sans fermer les arènes et surtout, sans interrompre la saison taurine, d'avril à septembre.

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