Un verdict très attendu est tombé ce lundi à Turin à l'issue du plus grand procès jamais organisé sur le drame des victimes de l'amiante, où une peine de 16 ans de prison a finalement été prononcée contre l'ex-propriétaire du groupe suisse Eternit et un ancien actionnaire. Eclairage.

C'est « au nom du peuple italien » que le président de la première section du tribunal de Turin, Giuseppe Casalbore, a déclaré ce lundi les responsables du groupe Eternit, Stephan Ernest Schmidheiny et Jean-Louis Marie Cartier de Marchienne, « coupables des délits qui leur sont reprochés » et les a condamnés à une peine de 16 ans de prison. Seule la prescription des délits perpétrés dans les usines de Bagnoli et de Rubiera a empêché en fait une condamnation à 20 ans, comme l'avait requise le procureur Guariniello.
Le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny et le baron belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne sont donc au final accusés d'être responsables de la mort d'environ 3.000 personnes en Italie, d'anciens ouvriers ou habitants de plusieurs localités où Eternit-Italie avait ses usines. Pour rappel, le procès s'était ouvert en décembre 2009 à Turin. Et il a compté plus de 6.000 parties civiles.

 

Vers des procès similaires ?
Les victimes de l'amiante dans d'autres pays, qui réclament, notamment en France, des procès similaires, espèrent qu'il puisse faire jurisprudence et créera un précédent. Le groupe Eternit de M. Schmidheiny a été un important actionnaire d'Eternit-Italie de 1976 à 1986 alors que M. de Cartier de Marchienne a été actionnaire minoritaire et administrateur d'Eternit-Italie au début des années 1970. La société a fait faillite en 1986, six ans avant l'interdiction de l'amiante dans le pays. Considérés comme responsables effectifs d'Eternit-Italie, les deux hommes sont accusés d'avoir provoqué « une catastrophe sanitaire et environnementale permanente » et enfreint la sécurité au travail.

 

En juillet 2011, le parquet avait réclamé la peine la plus lourde possible pour ces délits, soit douze ans, à laquelle il avait ajouté huit ans en raison des personnes contaminées pouvant tomber malades plusieurs décennies plus tard. La défense a nié la responsabilité directe dans la gestion de la société italienne des deux accusés.

 

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