La France est partie à la reconquête de son industrie, avec le lancement, mi-septembre, de 34 plans industriels qui devront replacer le pays sur le devant de la scène économique. Compétitivité, savoir-faire, créativité… les entreprises françaises doivent s'armer aujourd'hui pour affronter demain. Le co-pilote du plan "Rénovation thermique", Marcel Torrents, nous livre sa vision de cette France industrielle du futur. Interview.

Batiactu : Le 12 septembre dernier, François Hollande et Arnaud Montebourg lançaient les 34 plans de reconquête industrielle pour la France de demain. Vous avez été nommé co-pilote, avec Jacques Pestre (DG adjoint de Saint-Gobain Distribution) pour le plan "Rénovation thermique des bâtiments". Quelles seront vos missions ?
Marcel Torrents :
Nous allons proposer un ensemble d'actions qui aura pour objectif de renforcer la position ou prendre le leadership dans ce domaine d'activité. L'idée est de créer une dynamique de croissance, c'est pourquoi il est important de travailler en relation étroite avec les ministères, tant sur le plan réglementaire que fiscal. Tout ce travail devra proposer une offre concrète.
Par rapport au plan "Rénovation thermique", nous allons d'abord dresser un bilan, puis tenter de mesurer les freins à l'application de la réglementation thermique qui existe, mais qui est aujourd'hui encore peu appliquée.

 

Batiactu : Selon vous, que manque-t-il aux artisans pour franchir le cap ?
M. T. :
C'est avant tout la formation. Les artisans qui mettent en œuvre doivent être bien formé. La formation est un maillon essentiel et il reste encore beaucoup de choses à faire.
En France, les formations de base sont très bonnes, mais c'est après que cela se gâte. Les métiers évoluent, et les formations doivent donc être "upgradées". Cela nécessite une part d'éducation des artisans, ainsi qu'un travail sur la fiabilité des produits qui évoluent en parallèle. Il faut désormais des méthodes de formation plus modernes, mais aussi dégager plus de temps pour les artisans qui se forment. Je pense donc qu'il est indispensable d'utiliser l'outil numérique, qui viendra compléter une formation pratique incontournable.

"Les métiers de demain devront combiner plusieurs métiers"


Batiactu : Les métiers évoluent, certes, mais quels sont ceux qui feront la France industrielle de demain ?
M. T. :
Je crois surtout que les métiers de demain devront combiner plusieurs métiers ! Cela impliquera de devoir faire des choix pour répondre aux exigences de la rénovation des bâtiments. On se dirige aujourd'hui vers un métier de maîtrise thermique de la maison ou encore d'ingénierie globale de la maison : l'électricien devra être expert en étanchéité, par exemple.
Pour cela, la connaissance des outils de la rénovation thermique est indispensable. Je crois beaucoup à la capacité d'adaptation des artisans, mais le ou les métiers qui en découlent existeront seulement si l'on crée les conditions du marché.

 

Batiactu : Le marché de la rénovation est un des grands enjeux de demain… Quelle est son potentiel ?
M. T. :
En effet, cela représente quelque 25 millions de logements à rénover sur le territoire. Le terrain est donc propice, mais, je le répète, les professionnels sont prêts à s'engager si et seulement si le marché existe. Et la partie réglementaire ne pourra se faire que si les conditions économiques sont réunies, c'est-à-dire si les industriels arrivent à proposer des solutions économiques adaptées aux besoins. Demain, les professionnels devront être éduqués, formés, incités, c'est la clé de la réussite !

 

Batiactu : Quels sont les leviers de croissance pour les industriels ? Quid de l'avenir ?
M. T. :
La connaissance des besoins des clients, à l'affut de solutions simples et économiques. Et bien sûr, l'innovation, à la fois technologique, pragmatique et qui facilite, au final, la mise en œuvre des produits. C'est l'innovation au service des métiers de proximité, mais aussi à l'échelle mondiale. Pour un industriel, faire son métier aujourd'hui, c'est le faire de manière mondiale !
Quant à l'avenir, il faut rester optimiste. C'est en tout cas ma façon de voir. Si un industriel ne l'est pas, il faut qu'il change de métier !

 


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