Quatre personnes ont été condamnées à des peines allant de trois à cinq années de prison pour avoir organisé le racket d'entreprises du BTP sur le chantier de la rocade L2, à Marseille.

Quatre personnes issues des quartiers Nord de Marseille ont été condamnées par le tribunal correctionnel local, lundi 3 avril, à des peines allant de 3 à 5 ans de prison pour avoir racketté des entreprises sur des chantiers de BTP, dont le géant Bouygues. Les quatre hommes, sanctionnés pour extorsion d'emplois et de contrats au profit de leur société de sécurité véreuse, devront également verser un total de 160.000 euros d'amende.

 

Ils avaient notamment ciblé le chantier de la rocade autoroutière L2 qui traverse les quartiers Nord. L'incendie criminel d'une grue à 2 millions d'euros, appartenant à Bouygues, avait déclenché le lancement de l'enquête. Cinq autres prévenus étaient jugés dans ce procès vitrine de la lutte contre ce type de racket généralement subi en silence par les chefs de chantiers. Quatre ont écopé de peines allant de 8 mois de prison avec sursis à 18 mois de prison ferme, pour une série d'infractions annexes : abus de biens sociaux, travail dissimulé ou exercice d'un métier de la sécurité sans autorisation. Un prévenu a été relaxé.

 

Sur les chantiers, "la paix sociale ne s'achète pas"

 

Les peines prononcées sont inférieures à celles requises vendredi par la procureure Sophie Mercier, qui avait demandé jusqu'à sept ans de prison dont deux avec sursis pour mettre fin à un système de racket qui "gangrène" le milieu du BTP. "La paix sociale ne s'achète pas, (...) elle se construit en sanctionnant fortement les actes qui lui portent atteinte", comme des menaces armées contre des chefs de chantiers, des incendies d'engins de BTP ou des blocages de chantiers", avait-elle déclaré.

 

Deux cadres du BTP qui avaient brisé la chape de silence entourant ces pratiques ont obtenu 5.000 euros chacun en réparation de leur préjudice moral. Le Groupement L2 Construction, qui rassemble les grands noms du BTP Bouygues, Colas et Spie Batignolles, a obtenu 3.000 euros au même titre, mais n'a pas obtenu réparation de son préjudice matériel, l'incendie de la grue et d'autres engins de chantier, pour faire pression sur les entreprises, n'ayant pas officiellement été élucidé. Les condamnés devront aussi rembourser près de 900.000 euros à l'Ursaff.

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