RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE. Instaurer une obligation de travaux, faire monter en compétences la filière, s'engager sur des résultats d'économies d'énergie... L'association Entreprises pour l'environnement (EPE) formule de nombreuses recommandations pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) 2050. Détails.

C'est un nouveau travail au sujet de la neutralité carbone en 2050 qui préconise l'introduction d'une obligation de travaux de rénovation énergétique. Le rapport d'Entreprises pour l'environnement (EPE), présenté ce lundi 27 mai 2019, fait ainsi une série de recommandations aux pouvoirs publics pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone 2050. Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire, a introduit la présentation des travaux en rappelant qu'une telle transition pouvait se faire "tout en maintenant une croissance économique", et en évitant d'avoir recours à toutes formes "d'écologie punitive".

 

Une division par cinq des consommations

 

Cette étude, baptisée "Zen" comme "Zéro émission nette", se concentre notamment sur la partie Bâtiment ; la rénovation énergétique constituerait ainsi le premier champ d'investissement, de 17,7 milliards d'euros en 2020 à 30,8 milliards en 2030. La consommation d'énergie finale dans le secteur, située à 779 TWh actuellement, passerait à à 507 en 2050. Les émissions de gaz à effet de serre devraient être divisées par dix sur la période, de 74 à 7 MtC02e. "Cette réduction est le résultat d'une division par cinq des consommations et par deux du contenu carbone de l'énergie", précise EPE.

 

 

En matière de rénovation, c'est l'ensemble "presque complet" du parc qu'il faudrait atteindre en 2050. "Le fioul disparaît et est remplacé par l'électricité en pompe à chaleur (Pac), les réseaux de chaleur, le gaz renouvelable ou le bois", envisagent les auteurs de l'étude. "Le parc tertiaire est intégralement rénové." EPE penche davantage pour les rénovations que les démolitions/reconstructions, et préconise d'atteindre un rythme de 500.000 rénovations par an à compter de 2025. Ce qui déboucherait sur une évolution du parc telle qu'illustrée par le tableau suivant :

 

Rapport Entreprises pour l\'environnement (EPE)
Rapport Entreprises pour l'environnement (EPE) © EPE

 

Faire du carbone un "critère central"

 

Pour atteindre ces objectifs, EPE prône notamment le recours à l'obligation de travaux faite aux propriétaires. "Au moment des transmissions pour les maisons individuelles, qu'elles soient occupées par le propriétaire ou louées ; de façon programmée pour les copropriétés, comme cela a été fait pour les ravalements." L'association se justifie : "Les propriétaires ont en effet beaucoup de mal à prendre des décisions d'investissements même lorsque celui-ci est rentable. Une programmation combinée avec le ravalement permettrait de mutualiser certains coûts ; le critère carbone (CO2/m²), en association avec le critère de consommation d'énergie, pourrait devenir un critère central dans toutes les politiques pour le bâtiment."

"Cette transformation ne réclame aucune rupture technologique majeure"

 

EPE propose également l'évolution des offres des entreprises de bâtiments vers l'offre globale "à performance garantie à comportement constant". "L'effort doit être poursuivi au niveau national et local pour la structuration et la montée en compétences des entreprises et artisans intervenant dans la rénovation." Autre proposition : ralentir l'étalement urbain en redonnant envie aux Français de reconquérir les centres-villes désertés.

 

Enfin, l'association estime que "le secteur privé pourrait proposer des offres intégrées pour le financement (conjuguant aides et prêts) ; la responsabilité de rénovation pourrait par ailleurs être associée aux biens plutôt qu'aux propriétaires (système mis en place aux États-Unis)".

 

Pour Claire Tutenuit, déléguée générale d'EPE, cette étude se veut optimiste. "Cette transformation ne réclame aucune rupture technologique majeure", a-t-elle assuré. Tout en rappelant qu'un "fiscalité carbone paraissait indispensable", qui devra être pensée "avec justice".

 

L'association EPE est constituée d'une quarantaine de grandes entreprises, dont de nombreuses issues du secteur de la construction et des énergies, comme Saint-Gobain, LafargeHolcim, Schneider electric, EDF, Vinci, Veolia, Imerys, Ciments Calcia, BASF...

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