EPIDEMIE. Les organisations professionnelles du secteur de la construction demandent aux pouvoirs publics un arrêt temporaire des chantiers, du fait d'une situation de plus en plus complexe à gérer sur le terrain. Des réunions ont eu lieu ce 17 mars 2020 avec les ministères concernés, mais sans trouver de terrain d'entente.

Les nouvelles mesures de confinement annoncées le 16 mars au soir, pour lutter contre la propagation de l'épidémie de coronavirus, ont laissé le monde du BTP perplexe. Fallait-il ou non retourner sur les chantiers le lendemain ? Quoi qu'il en soit, les organisations professionnelles du BTP (FFB, Capeb et FNTP) viennent de demander, dans un communiqué de presse diffusé mardi en soirée, un arrêt "temporaire" des chantiers. Les trois signataires rappellent en premier lieu que les conditions d'intervention en sécurité ne sont pas toujours assuré pour les salariés. Ils remarquent notamment l'absence de masques de protection.

 

Mais le souci sanitaire n'est pas le seul à venir rendre la situation compliquée : "Face à des donneurs d'ordre qui, de manière éparpillée, arrêtent certains chantiers, face à des difficultés majeures d'approvisionnement, face à certaines interventions des forces de l'ordre pour interrompre des chantiers, le BTP est confronté à une désorganisation, à des risques sanitaires et à une incompréhension mêlée d'inquiétude légitime à la fois des chefs d'entreprise et des salariés."

 

Les acteurs estiment qu'il est de leur devoir de "limiter au maximum les risques de propagation du coronavirus et de trouver avec le Gouvernement des solutions pour protéger la santé des salariés et assurer la poursuite de l'activité dans de bonnes conditions". Des réunions ont eu lieu tout au long de l'après-midi, ce mardi, avec les pouvoirs publics, mais aucune position commune na été trouvée.

 

Des chantiers de plus en plus difficiles à gérer

 

Si les fédérations auraient préféré maintenir un minimum d'activité durant cette période, force est de constater que la bonne tenue des chantiers devient de plus en plus difficile à gérer. Entre les fournisseurs qui ferment les uns après les autres, les salariés inquiets, parfois même des insultes de riverains et des forces de l'ordre qui arrêtent les camionnettes des travailleurs, la difficulté pour parfois faire respecter strictement les recommandations sanitaires, certaines entreprises évoquent même une situation devenue "intenable".

 

Les artisans du bâtiment appellent à un "arrêt total des chantiers"

 

Dans un communiqué de presse diffusé ce mardi en début d'après-midi, la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) recommande aux artisans "de cesser toutes activités sauf exception (dépannage d'urgence et interventions sur site pouvant mettre en danger la sécurité des personnes et des équipements)". Ce, dans l'attente de règles plus précises qui seraient édictées par les pouvoirs publics.

 

L'organisation patronale invite également les entreprises à effectuer leur demande de chômage partiel dans un délai d'un mois maximum ; tout en rappelant qu'il est possible de profiter de cette période pour solder les congés restants "afin d'avoir des équipes opérationnelles dès le redémarrage".

 

Les réunions se multiplient

 

Les réunions se multiplient depuis quelques jours entre les organisations professionnelles du secteur et les membres du gouvernement. Mais jusqu'ici, et encore lors de discussions ce 17 mars, aucun accord entre l'exécutif et la profession n'a pu être trouvé. Ce qui met l'ensemble des acteurs du BTP dans une situation délicate.

 

Alors même que certaines entreprises commencent à annoncer des suspensions totales de leur activités travaux, selon nos informations, d'autres groupes s'y refusent, pour ne pas être en porte-à-faux vis-à-vis de leurs donneurs d'ordre, privés comme publics. C'est d'ailleurs une des difficultés soulevées : décider unilatéralement un arrêt des chantiers pourrait légalement poser problème. Des consignes unifiées permettraient d'éviter toute tergiversation.

 

Les fédérations font donc bloc : FNTP, FFB et Capeb demandent au gouvernement cet arrêt et des instructions très précises. Pour que l'arrêt des chantiers partout en France soit acté, dans un souci de cohérence avec les consignes adressées à l'ensemble de la population.

 

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