UN PROJET/UNE PARTICULARITE. A partir d'une tour de bureaux anonyme et réduite à l'état d'épave thermique, les architectes Petraccone et Vodar et les sociétés du groupe Spie Batignolles ont réalisé un vaste projet de rénovation. Une réalisation originale qui allie performances environnementales et réalité économique.
Une des premières tours du quartier d'affaires de La Défense effectue sa mue. L'immeuble ex-Chartis d'une centaine de mètres de haut, à l'esthétique anodine, vient de faire l'objet d'une vaste opération de rénovation incorporant la performance énergétique tout en s'accordant aux réalités économiques du marché. D'un coût de 33 M€, ce projet de réhabilitation a été piloté par l'entreprise Créatis, une filiale de Spie Batignolles spécialisée dans le réaménagement du tertiaire en Île-de-France. Elle a assuré une triple mission : celle d'entreprise générale pour le macro-lot comprenant le gros œuvre, l'étanchéité et les aménagements intérieurs, celle de mandataire d'un groupement d'entreprises pour les lots techniques et celle de conduite de l'ensemble des travaux (y compris le désamiantage et les façades).
Valoriser le bien immobilier par une opération de rénovation profonde
"La tour a été rachetée en 2011 par des investisseurs internationaux qui souhaitaient valoriser leur capital", explique Pascal Quagliaroli, le directeur général de Créatis. Afin de proposer leur bien à la location, ils choisissent d'améliorer l'existant et de le mettre au niveau des constructions plus récentes. "Cela nécessitait des travaux sur la façade qui avait un aspect vétuste et qui n'était pas très isolante", confie Silvio Petraccone, architecte de l'opération. "Il n'était pas possible de démolir les poteaux béton existants, nous nous sommes donc attachés à comprendre comment faire pour les intégrer, notamment en nous appuyant sur notre connaissance de l'utilisation du verre", poursuit-il. Le projet que les architectes présentent alors fait apparaître une tour, tout de blanc vêtue, faisant appel à un vitrage spécifique.
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Verre sérigraphié
"Il s'agit d'un verre sérigraphié de multiples points blancs, d'un diamètre de 1,5 millimètre, qui sont rapprochés afin qu'ils ne gênent pas la vision mais que l'aspect, vu de l'extérieur, reste blanc. Le taux de couverture de la surface est de 35 %", explique Silvio Petraccone. Techniquement, la façade est remplacée par une double peau faiblement ventilée, les côtés nord étant simplement dotés d'un double vitrage. "La difficulté technique résidait dans le respect des exigences thermiques et du caractère HQE avec des problématiques de luminosité. Car la sérigraphie blanche renvoie une partie des rayons solaires…", détaille Michel Vodar, l'autre architecte du projet.
Rénovation intérieure et extérieure
Les maîtres d'œuvre se sont attachés à remanier à la fois l'aspect extérieur, en épurant le dessin de la tour, et à améliorer les performances thermiques et le confort d'utilisation intérieur. "Nous avons réorganisé les circulations horizontales communes, obligatoires dans les IGH, afin de les réduire à leur plus simple expression et de gagner des mètres carrés sur chaque plateau", poursuit Michel Vodar. Les coursives ouvertes des 11e et 26e étages ont également été supprimées. Les conditions de sécurité incendie ont été revues, avec l'adoption de planchers coupe-feu. "Le bâtiment a acquis une qualité exceptionnelle par rapport à ce qui préexistait", déclare l'architecte.
Chantier compliqué
Pour le chantier, les choses n'ont pas été simples, comme le confirme Jean-Noël Bidet, le chef de projet pour Créatis : "Il y avait des difficultés logistiques au niveau du gabarit d'approvisionnement, limité. Nous avons aménagé au nord de la parcelle, sur le boulevard circulaire, une zone de livraison spéciale pour le façadier afin qu'il puisse recevoir ses semi-remorques quotidiens. Mais pour les autres travaux, intérieurs, tout a été monté par le monte-charge et les ascenseurs en service". Autre difficulté, la hauteur sous plafond limitée à 2,65 m par les poutres du bâtiment. "Il n'a pas été facile de faire passer les réseaux. Afin de gagner quelques centimètres, la sous-face des poutres n'a pas été floquée, ce qui a permis de maintenir la hauteur des bureaux à 2,5 m", signale le chef de projet.
Des bureaux lumineux
La tour "Blanche", qui accueillera le nouveau siège d'ERDF au mois de septembre 2014, offre désormais des espaces de travail lumineux, traités en Corian, et dont les apports lumineux naturels sont renforcés par un agréable éclairage LEDs. L'immeuble de bureaux revendique désormais des performances thermiques au niveau BBC et une certification Haute Qualité Environnementale.
Fiche technique
Façades
Les poteaux béton ont été traités en blanc, tout comme les vitrages des étages afin de donner cet aspect immaculé à la tour, qui se révèle au premier rayon de soleil.
Hall d'entrée
Le hall d'entrée monumental, de 8 mètres de haut, a été éclairci grâce à la suppression de poutres béton qui structurellement n'avaient aucun rôle mais qui obstruaient la vue et empêchaient même de signaler les accès à l'immeuble.
Eléments intérieurs
Les bureaux bénéficient d'un traitement par panneaux Corian qui apporte de la clarté et une facilité d'entretien. L'éclairage est assuré par des LEDs basse consommation.
Clin d'oeil
La tour "Blanche" accueillera le siège ERDF à partir de septembre 2014. Depuis les bureaux, il sera possible de voir la tour EDF, située de l'autre côté du parvis de La Défense.
Idée de jardin
Le dernier étage de la tour bénéficiera d'une "idée de jardin" de quelques mètres carrés, vitré sur son pourtour.
Caractéristiques : 99 mètres, 28.500 m² de superficie, 26 étages de bureaux, 3 niveaux de service en entresol et 5 niveaux techniques en sous-sol
Architectes : Arsène-Henry Frères et Bernard Schoeller
Année de construction : 1967 (rénovation en 2001-2004)
Projet : rénovation complète de l'immeuble de bureaux
Maître d'ouvrage : Parella Wainberg Partners, Altarea Cogedim (délégué)
Maîtres d'œuvre : Silvio Pettracone, Michel Vodar, Egis Bâtiments (MOE d'exécution)
Bureaux d'études techniques : Lafi Engineering, Lefèvre, Egis
Bureaux de contrôle : Socotec
Budget : 35 M€ dont 11 M€ pour le gros-œuvre/étanchéité et 22 M€ pour les lots techniques
Calendrier : chantier juin 2012, livraison bâtiment 1er trimestre 2014, entrée en service septembre 2014