Un chalet en bois implanté au cœur de Paris devrait bientôt être mis en vente. Inquiet de voir disparaître un tel bâtiment, Samuel Cahu, son locataire depuis dix ans, tente de le sauver en obtenant sa protection. Courriers aux élus, pétitions, création d'un blog... Depuis septembre, le jeune homme ne ménage pas ses efforts.

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans le quartier. Le chalet en bois de la rue de Meaux, bâtiment connu de tous les habitants du XIXème arrondissement de Paris, risque d'être purement et simplement rayé de la carte. Mis en vente depuis quelques semaines suite au décès de sa propriétaire, le bien pourrait en effet être racheté par un promoteur qui, selon les rumeurs, envisage de le raser et d'y édifier à la place un immeuble de 18 mètres de haut...

 

Pour Samuel Cahu, 24 ans, installé dans les lieux depuis dix ans, c'est la stupéfaction, non pas d'apprendre qu'il doit quitter les lieux - "je m'y préparais depuis plusieurs mois déjà", confie-t-il - mais que le chalet, "son chalet", puisse être démoli. "Je le pensais protégé", commente-t-il. Seulement voilà : il s'avère en réalité que le chalet - aussi vieux soit-il - ne fait l'objet d'aucune protection officielle et n'est d'ailleurs référencé que "très sommairement" dans le Plan Local d'Urbanisme. Rien ne s'oppose donc à sa destruction...

Valeur historique

Pour le jeune homme, l'erreur est grave et doit absolument être corrigée. Car, même si le chalet n'est pas classé, il n'en reste pas moins un bâtiment très rare dans Paris. "Il est impératif de préserver les vestiges insolites de l'un des arrondissements les plus massacrés lors des grandes rénovations de 1970", plaide-t-il. Poussé par ce qu'il appelle "son devoir de citoyen", Samuel engage alors une véritable bataille pour faire protéger le chalet. Pétitions, création d'un blog, courriers aux élus du XIXe arrondissement, à Bertrand Delanoë, prise de contact avec le Comité du Vieux Paris, les architectes des Bâtiments de France... Depuis septembre, le jeune homme ne ménage pas ses efforts.

 

Toute la difficulté est de faire reconnaître la valeur historique du bâtiment. Une valeur qui, selon lui, ne fait aucun doute : "les recherches aux archives de Paris nous ont permis pour le moment de remonter à l'année 1881", raconte-t-il. D'après les documents retrouvés sur place, le chalet aurait abrité tour à tour un atelier de mécanique, un matelassier, un marchand de journaux. Il se pourrait même, mais l'information n'a pas été encore confirmée par les compagnons menuisiers du Tour de France, que le chalet ait été directement importé de Savoie pour être exposé dans le cadre de l'exposition universelle de 1867.

Et sentimentale...

Devant les incertitudes, Samuel se raccroche à la valeur sentimentale du lieu. Il semble en effet que dans le XIX e arrondissement, tous les habitants, les jeunes comme les moins jeunes, connaissent l'édifice. "Les gens aiment cette maison, commente-t-il, quand ils la voient ils ont instantanément le sourire aux lèvres". Un attachement prouvé par les centaines de signatures qui sont déjà venues noircir les pages blanches installées devant le chalet et celles déposées via le blog "Sauvez le chalet !".

 

Samuel est en train de gagner son pari puisqu'il est déjà parvenu à rallier à sa cause plusieurs élus du XIXe arrondissement dont le maire Roger Madec. Lors du dernier conseil municipal, qui s'est déroulé le 21 septembre, une demande de "protection patrimoniale" dans le cadre de la modification du PLU, avec enquête publique à la clé, a d'ailleurs été votée. Si elle est acceptée par le Conseil de Paris, elle pourrait protéger définitivement le chalet de la destruction. Samuel pourrait ainsi partir l'esprit tranquille...

 

Plus d'informations sur le : www.sauvezlechalet.com

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