Alors qu'un rapport d'étape de la commission administrative d'enquête est attendu "dès le mois de juin", les hypothèses vont bon train sur les causes de la catastrophe. La résistance des piliers est déjà au coeur d'une polémique.

Au lendemain de l'accident, les experts, sous couvert de l'anonymat, commentent à spéculer sur l'origine de l'effondrement d'une partie du toit du terminal 2 E.
Plusieurs hypothèses sont aujourd'hui avancées. La première - un défaut de conception - mettrait en cause l'architecte Paul Andreu qui a assuré à la fois la maîtrise d'oeuvre et la maîtrise d'ouvrage. Ce mélange des genres avait été critiqué, dès 2002, par la Cour des Comptes dans un rapport . Celui-ci pointait du doigt la direction de l'équipement de ADP créé en 1997. "Si une maîtrise d'ouvrage a bien été identifiée lors de la réforme de 1997, sa frontière avec la maîtrise d'oeuvre demeure insuffisamment claire, par exemple en termes de partage des missions de suivi de chantier, par exemple en termes de responsabilité dans la définition des enveloppes financières des projets".

Autre hypothèse, une défaillance technique liée notamment aux matériaux utilisés : les armatures métalliques et le béton. Mais Paul Andreu a indiqué lui-même que si la conception du bâtiment était audacieuse, les matériaux utilisés n'avaient "rien de révolutionnaire". La voûte est en effet composée d'un voile mince en béton fabriqué par Béton de Paris qui n'a rien d'exceptionnel et fait ses preuves dans le passé.

Enfin, reste l'hypothèse d'une erreur lors du montage et notamment de la pose des 152 coques sur les piliers. Deux entreprises sont directement concernées : GTM pour la voûte et Hervé pour le socle et les piliers. Chez Hervé, l'on se refuse à tout commentaire et chez GTM, un porte-parole de la maison mère (Vinci) a déjà ouvert le parapluie en déclarant que la voûte reposait sur des piliers et des fondations qui n'ont "pas été réalisés par GTM". "Nos coques s'intégraient dans un ensemble dont nous n'assurions pas la coordination" a-t-il ajouté.

Une certitude : des fissures étaient déjà apparues lors du chantier, au niveau des cinquante premiers poteaux de soutènement de la voûte (côté ouest). La raison est "une méthode de pose qui a été changée par la suite" a reconnu l'ingénieur Hubert Fontanel, directeur du projet chez ADP. "La catastrophe ne s'est cependant pas du tout passée dans la même portion a-t-il expliqué. La zone qui s'est écroulée, nouvelle, ne comportait pas de fissures".
Une expertise indépendante, conduite par Ingérop, avait alors été réalisée et les piliers déjà coulés avaient été renforcés par des "plats" en fibre de carbone mis au point par Freyssinet. Cet incident a conduit les responsables du chantier à changer de méthode de pose et de telles fissures n'étaient jamais apparues depuis.
Hubert Fontanel a également présenté à la presse le détail de la zone qui s'est effondrée. On découvre une différence notable par rapport au reste du bâtiment. A cet endroit, trois ouvertures dans le bas de la voûte débouchaient sur des passerelles fixes. Ces ouvertures ont-elles fragilisé l'ensemble ? Encore une hypothèse sur laquelle devront se pencher les experts.

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