La plus grande installation solaire associée à une chaîne à hydrogène permettant de stocker l'énergie dans des piles à combustibles a été inaugurée en Corse ce lundi 8 décembre, près d'Ajaccio (Corse-du-Sud). Elle préfigure une solution d'avenir pour l'approvisionnement électrique en milieu insulaire.

Sur le site de Vignola à Ajaccio, le projet Myrte vient de voir le jour : il couple une centrale solaire de 560 kW à une chaîne à hydrogène qui utilise un catalyseur, un système de stockage de l'hydrogène et une pile à combustible de 100 kW. Le but ? Tester en grandeur industrielle le couplage au réseau électrique d'une installation comprenant des piles à combustible alimentées par une énergie verte intermittente (type éolien ou solaire).

 

L'initiative revient à l'Université de Corse, à la société Hélion (filiale d'Areva) et au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) qui ont œuvré ensemble à la mise au point de la solution qui permet à la centrale solaire… de se passer du soleil. En effet, actifs durant la journée, les 3.000 m² de panneaux photovoltaïques sont inactivés à la tombée de la nuit ou lors de passages nuageux importants. Afin de disposer d'une source d'énergie continue, les chercheurs ont eu l'idée d'utiliser un vecteur supplémentaire : l'hydrogène. La solution consiste donc à utiliser l'énergie générée par les panneaux solaires dans un électrolyseur à eau : les atomes constituant la molécule H2O sont ainsi séparés par le courant électrique en hydrogène (H) d'un côté et en oxygène (O) de l'autre. L'hydrogène est récupéré puis stocké de façon sécurisée. A la moindre sollicitation du réseau, le gaz est alors envoyé vers une pile à combustible qui produit de l'électricité. Il est ainsi possible de lisser la fourniture d'énergie pour 200 foyers corses, malgré l'irrégularité de l'ensoleillement.

 

Coupes claires
Une deuxième pile à combustible pourrait être installée afin de doubler la puissance de la centrale. Mais le projet a déjà connu des coupes claires assez sévères : le projet initial, présenté en 2007, reposait sur une surface de capteurs beaucoup plus importante (3 hectares) pour une puissance totale de 3,5 MW. Du budget de 32 millions d'euros, seuls 21 M€ sont restés disponibles, le temps de réalisation passant de deux à cinq ans. Reste que l'expérience a été menée au bout, démontrant la faisabilité de ce type d'installation.

 

Des travaux de développement devraient avoir lieu, afin d'améliorer le rendement de la centrale. A l'heure actuelle, le rendement global serait de 40 % en électricité, entre les panneaux photovoltaïques et la sortie de la pile à combustible. La mise en place d'un système de co-génération autour de l'électrolyseur et de la pile qui dégagent de la chaleur permet déjà un gain appréciable de 30 % supplémentaires. Ce démonstrateur technologique, véritable prototype grandeur réelle, pourrait permettre de rapidement développer le système pour une prochaine généralisation.

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