La chute mortelle, ce week-end, d'un enfant dans une cage d'ascenseur relance le débat sur la sécurité et la maintenance de ce type d'appareil dans les cités sensibles. Le ministère de l'Equipement a lancé une enquête au sein des HLM.

Bilal, un enfant de quatre ans, a chuté dimanche du 5e étage en croyant pénétrer dans l'ascenseur alors que la cabine se trouvait en fait au rez-de-chaussée. A son arrivée sur les lieux du drame, la police a constaté que toutes les portes de la cage d'ascenseur étaient déverrouillées alors que leur ouverture est en principe commandée par le passage de la cabine.

Triste anniversaire. Il y a un an exactement, un enfant de 9 ans était mort de la même manière que le petit Bilal, en tombant d'une hauteur de 13 étages dans la cage d'ascenseur de l'immeuble HLM où il habitait à Clichy-sous Bois (Seine-Saint-Denis).

A l'époque, comme aujourd'hui à Strasbourg, ont été évoqués "l'entretien défectueux" des ascenseurs, le retard mis à réparer les pannes, mais aussi des actes de "malveillance" ou "de vandalisme". Le Cus Habitat, la société de HLM de la ville de Strasbourg, indique en effet que ce dysfonctionnement pourrait avoir une cause technique mais pourrait aussi être dû à un acte de malveillance.

L'Union nationale des HLM s'est défendu mardi d'un "entretien au rabais" de son parc d'ascenseurs. "Il faut clarifier les choses le plus vite possible", a affirmé Frédéric Paul, délégué général au développement professionnel de l'Union des HLM, citant comme causes "possibles" de l'accident un défaut d'entretien, un incident technique, ou une malveillance.

Evoquant la malveillance, il a précisé que les HLM "étaient confrontés au problème des dealers qui ouvrent les portes des ascenseurs grâce à une clé dérobée, pour cacher la drogue dans l'installation des ascenseurs".

L'Union HLM souligne également les difficultés d'entretien dans des immeubles de plus de quinze étages, et de 1.000 à 3.000 logements, les pannes répétées dues à "un usage anormal de l'ascenseur", portes forcées ou dépassement du poids autorisé.

Les conditions d'entretien des ascenseurs cependant sont les mêmes en HLM ou dans le secteur privé, rappelle Frédéric Paul. Le propriétaire doit passer contrat avec un professionnel chargé de l'entretien et de la maintenance des ascenseurs. Cet exploitant assure l'entretien courant, remplace les pièces défectueuses et recommande au propriétaire de faire des interventions non prévues dans le contrat.

La plupart des sociétés HLM, souligne-t-il, doublent ce contrat d'une mission de contrôle technique par un organisme habilité.

L'exploitant fait une visite de contrôle obligatoire par mois et doit intervenir "dans les heures qui suivent un appel de locataires ou du gardien lorsque l'ascenseur est en panne", mais dans les faits la réparation d'une panne d'ascenseur peut prendre plusieurs jours.

En mai 2001, l'expert nommé par le parquet de Bobigny dans l'affaire de Clichy-sous-Bois avait conclu à des anomalies liées à des actes de malveillance: la cabine avait été bloquée depuis le rez-de-chaussée et une manivelle de verrouillage des portes palières de l'ascenseur au niveau du 13e étage était endommagée, permettant ainsi d'ouvrir manuellement ces portes.

La coordination CGT des grandes entreprises d'ascenseurs a cependant dénoncé mardi "l'extrême vétusté" des ascenseurs situés dans l'habitat social et demandé leur "rénovation complète" à "la charge" de ces sociétés. Pour ce syndicat implanté au sein de grands groupes comme Kone, Schindler, Thyssen, Otis, Frieux-Combaluzier, "les progrès de la technique doivent être mis au service de la sécurité pour tous".

Dans l'habitat social, "l'état du parc nécessite souvent une rénovation complète des appareils avec une adaptation aux conditions d'utilisations", ajoute la CGT qui demande à ce que cette rénovation soit "prise en charge par les sociétés d'ascenseurs". Toujours selon la CGT, ces société "ont fait d'importants bénéfices à l'occasion de l'installation de ce parc et, depuis, ont laissé l'usure et la dégradation mettre pratiquement hors d'usage ces appareils".

De son côté, le gouvernement a tenu à ne pas rester insensible face à ce drame. Gilles de Robien, ministre de l'Equipement, a demandé mardi aux préfets de saisir les organismes HLM pour "examiner sans délais" les conditions de sécurité des ascenseurs, et annoncé d'ici à un mois de nouvelles mesures réglementaires, notamment le verrouillage des portes palières. Quelque 42.000 ascenseurs sont concernés.

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