Le groupe allemand Schöck, spécialiste des rupteurs de ponts thermiques, produit plus d'un million de pièces par an, dont 11 % pour le marché hexagonal. Outre ces produits particuliers, confectionnés sur mesure pour chaque projet, il lancera prochainement un rupteur acoustique pour les escaliers. Explications avec Raphaël Kieffer, le directeur général de la filiale française.

Schöck est une entreprise familiale qui vise le leadership du traitement des ponts thermiques. Ces pièces, très particulières, produites à façon pour s'adapter à chaque projet immobilier, représentent 80 % du chiffre d'affaires de sa filiale française. "Mais la gamme est bien plus étendue", déclare Raphaël Kieffer, son directeur général. "Elle comprend des armatures en fibre de verre, des coffrages perdus et coffrages de rives type ASE en béton fibré, et des armatures en fibre de verre", précise-t-il. Deux types de produits qui représentent chacun 10 % du CA réalisé en France, mais qui devraient être prochainement rejoints par d'autres éléments, comme les isolants acoustiques pour les parties communes, les goujons de dilatation ou les rupteurs de pied de mur.

La fibre de verre, future rupture technologique

"Ces derniers, qui ne sont pas sous avis technique, ne sont pas une priorité", confie Raphaël Kieffer. "En revanche, le rupteur acoustique pour les escaliers sera présenté à Batimat cette année. Schöck veut tester le marché français pour ce type de produit", poursuit-il. Le principe reste le même que celui des rupteurs thermiques : désolidariser deux parties d'un bâtiment tout en reprenant les efforts et contraintes. Bénéficiant également d'une expertise dans les armatures en fibre de verre, utilisée pour les constructions en milieu agressif salin où les armatures métalliques ne sont pas envisageables, Schöck travaille au développement de nouveaux rupteurs. Le directeur général France explique : "La suite logique sera d'intégrer les fibres de verre aux rupteurs thermiques, à la place des tiges d'acier/inox. Mais c'est encore trop tôt pour le marché. Le surcoût est certain mais pas encore évalué et la sortie effective sera bien après 2020".

 

Pour l'heure, l'entreprise qui produit chaque année plus de 1 million de rupteurs classiques (avec bloc isolant en polystyrène, éléments en béton et tiges en métal mixte acier noir/acier inoxydable), avoue avoir une problématique de renouvellement de ses avis techniques. "Pourtant, depuis les années 1990, ils étaient accordés sans problème", s'étonne Raphaël Kieffer. "Nous avons déposé un dossier à la fin de 2013 et nous sommes à la mi-2015, mais nous attendons toujours. Il faut dire qu'entre temps, un concurrent français (Slabe, NdR) est apparu sur le marché…", note-t-il. Le CSTB accumulerait en fait les retards en raison d'un problème d'organisation face à un nombre croissant de dossiers par personne.

De l'importance du traitement des ponts thermiques

Le traitement des ponts thermiques, qu'il s'agisse d'isolation par l'intérieur ou par l'extérieur apparaît cependant primordial dans l'atteinte des objectifs fixés par la RT 2012. "Le taux de pénétration des rupteurs en France n'est que de 25 % dans le logement collectif. Ce qui signifie que 75 % des projets ne traitent pas les ponts thermiques…", assure le directeur général de Schöck France. Il est effectivement possible d'atteindre les performances requises sans les traiter. Cependant, comme le souligne le groupe, chaque mètre de pont thermique entraîne une surconsommation annuelle de 77 kWh en zone climatique H1. En multipliant cette perte par la longueur de balcons filants sur plusieurs niveaux, l'ampleur du gain apporté par l'adoption des rupteurs prend toute sa signification. Afin d'aider les professionnels à dimensionner structurellement leurs rupteurs, l'entreprise prévoit de lancer une application pour smartphones qui évaluera rapidement le coefficient de transmission linéique ("psi") d'une solution constructive.

 

Schöck en quelques chiffres :
1962, date de fondation du groupe
22, nombre de pays où il est présent
700, nombre d'employés
140 M€, chiffre d'affaires annuel
4 km, longueur linéaire de rupteurs produite quotidiennement
1.000, nombre d'essais menés chaque année pour mesurer la résistance des aciers

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