Certaines légendes avec le temps se perdent, d'autres perdurent… Tel est le cas de la sainte patronne des mineurs, des maçons, artilleurs… Sainte-Barbe, qui depuis des décennies orne les entrées des chantiers souterrains. Qui est-elle ? D'où vient cette croyance ? Réponses.

Rien d'étonnant à croiser à l'entrée d'un tunnel une statuette parée de morceaux de cravates. Il s'agit d'une tradition - dont on ne sait pas quand elle commença - mais qui perdure dans certains corps de métiers des Travaux Publics, tels que les mineurs.

 

Pour mieux comprendre la croyance, retour au IIIe siècle après JC, à Nicomède - aujourd'hui Izmit, un port de Turquie - où Sainte-Barbe vivait. De bonne heure, celle qui deviendra une icône fut instruite des vérités chrétiennes par ses lectures, et voua sa vie à Dieu.
Son père, un riche païen du nom de Dioscore, était un être d'une humeur bizarre et d'un naturel cruel ayant toutes les inclinaisons d'un barbare.
Celui-ci, voyant que sa fille, alors âgée de 16 ans, était d'une beauté très remarquable et pour la protéger des assauts de prétendants trop entreprenants, l'enferma dans une tour d'une forteresse inaccessible.
Barbe (ou Barbara pour certains) profita de l'absence de son père pour faire percer une troisième fenêtre en plus des deux dont disposait sa tour pour symboliser la Trinité : le père, le fils et le Saint-Esprit. Dioscore voyant que sa fille embrassait les rêveries des chrétiens, entra dans une colère noire. Elle fut obligée de fuir. Son père la retrouva et l'accabla de coups, et lui fit subir de nombreuses flagellations, mais la jeune femme ne fléchit jamais priant toujours Jésus-Christ.

 

La suite de la légende diffère en fonction des différents écrits, pour les uns, elle fut décapitée par son père, pour les autres elle fut brûlée dans sa tour. Son père mourut peu de temps après, frappé d'un coup de foudre qui réduisit son corps en cendres.

 

Le choix d'une sainte patronne
Barbe, de par son histoire étonnante, la force de son engagement dans la foi, sa résistance aux supplices et cette intervention divine foudroyante soudaine mais furieusement efficace, fait l'objet d'un culte très fervent dans de nombreuses corporations.

 

Sainte barbe
Sainte barbe © N. Robin
En effet, on ne dénombre pas moins d'une quinzaine de professions l'ayant pour sainte patronne, tels que les architectes, les charpentiers, les artilleurs, les maçons, les mineurs (constructeurs de galeries, puits, plans inclinés, descenderies, cavernes, tunnels) qui lui demandent sa protection. Mais c'est sans nul doute dans cette dernière profession que son culte est le plus fort.

 

Ainsi, et depuis des décennies, une statue de Sainte-Barbe est solennellement installée à l'entrée de la principale galerie lors de travaux souterrains. Les mineurs implorant la recommandation et la protection divine de l'icône, qui intercède auprès de Dieu pour mettre les mineurs à l'abri des accidents.
Parallèlement, à l'aspect religieux, le jour de la Sainte-Barbe, célébré le 4 décembre, est un jour de fête où les ouvriers et les patrons déjeunent ensemble. Ce festin du midi est l'occasion de rompre avec la hiérarchie. A cette occasion, les mineurs s'octroient le droit de couper les cravates des cadres et invités présents. Ces bribes de cravates, tels des trophées, sont ensuite accrochées à l'entrée de la galerie.

 

Extrait d'une chanson dédiée à Sainte-Barbe et repris le 4 décembre par les mineurs.

 

REFRAIN
Sainte-Barbe, ô douce patronne
Tu nous vois à tes pieds, implorant ton secours
Quand le rocher s'abat ou que la mine tonne
Veille, veille, sur nous toujours. (Bis)

 

1
Quand nous descendons à l'aurore
En toi nous mettons notre espoir
Et là, sous la voûte sonore
Combien n'ont pas revu le soir

 

2
Dans les entrailles de la terre
Quand il affronte le danger
A toi, dans son humble prière
Le mineur aime se confier

 

3
Quand nous menacent les orages
Que tout est noir à l'horizon
Ecarte de nous leurs ravages
Sainte-Barbe, nous t'implorons
...

 

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