Le Qatar a annoncé ce lundi la fin du "Kafala", un système controversé de parrainage des travailleurs étrangers. Il s'agit de la réforme du travail la plus importante jamais entreprise dans cet émirat qui s'est engagé dans une vaste politique de chantiers dans l'optique de la Coupe du monde de football 2022.

Le ministre du Travail, Issa ben Saad al-Jafali al-Nouaimi, a officiellement déclaré le 13 décembre 2016 que les règles de la "kafala", ce système de parrainage parfois comparé à une forme d'esclavage moderne, seraient abolies à compter du 14 décembre 2016. Précisons, que le Qatar compte 2,1 millions de travailleurs étrangers dont de nombreux Asiatiques.

 

Pour rappel, la "kafala" stipulait que tous devaient avoir un "parrain" local -individu ou entreprise- et obtenir une autorisation de sa part pour changer d'emploi ou quitter le pays. Pour les défenseurs des droits de l'Homme, ce système rendait les travailleurs migrants particulièrement vulnérables à toutes sortes d'abus.

 

A compter de mardi, ce système sera remplacé par un mécanisme contractuel. "La nouvelle loi constitue la mesure la plus récente pour améliorer et protéger les droits de tous les travailleurs expatriés au Qatar", a souligné le ministre du travail qatari.

 

Installation d'une commission d'appel pour les expatriés

 

"Elle remplace la kafala avec un système modernisé, basé sur des contrats, qui protège les droits des travailleurs et augmente la flexibilité sur le marché de l'emploi", a-t-il ajouté. Le visa de sortie exigé pour pouvoir quitter le pays sous le système de la "kafala" sera aboli, mais les travailleurs auront toujours besoin de l'autorisation de leur employeur pour quitter le territoire.

 

Par ailleurs, une commission d'appel a été mise en place pour les expatriés qui seraient éventuellement empêchés de partir et elle commencera son travail mardi.

 

Le ministre du Travail a indiqué que le Qatar était prêt à "tout commentaire et à toute critique constructive" sur ces réformes. "Nous invitons toutefois la communauté internationale à ne pas tirer de conclusions avant d'avoir vu la nouvelle loi en action"

 

"Les bases du système (précédent) restent intactes",Homme Amnesty International

 

Mais l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a d'emblée critiqué le nouveau système. "La nouvelle loi est peut-être débarrassée du terme 'parrainage' mais les bases du système (précédent) restent intactes", a-t-elle ajoutée. Selon elle, "les changements inadéquats continueront de mettre les travailleurs à la merci de patrons abusifs".

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