La Fédération des promoteurs immobiliers vient de nouer un partenariat avec des étudiants en architecture de Toulouse. Objectif : réunir les professionnels de la région et réinventer l'architecture de l'agglomération de demain. Explications.

C'est une première en France. Un partenariat entre des promoteurs immobiliers et des étudiants architectes. Tout a commencé lors d'une rencontre entre un enseignant de l'école nationale supérieure d'architecture de Toulouse-Mirail (ENSA) et Laetitia Vidal, la vice-présidente de la FPI de Midi-Pyrénées. L'idée a été lancée sur un constat partagé : il y a sur Toulouse de nombreux enjeux à travailler, qui tiennent à la rareté du foncier métropolitain de Toulouse, à la chaîne des valeurs et leurs impacts sur le dessin de ville, à une typologie d'habitat peu adaptée aux besoins réels et enfin à une relation mal assumée entre l'espace privé et public.

 

Mais pourquoi faire appel à des étudiants ? "Parce qu'ils sont plus libres de penser, qu'ils n'ont pas de craintes quant à leur insertion professionnelle," nous explique Monique Reyre, la directrice de l'ENSA, pour qui l'ouverture vers l'extérieur est essentielle dans la formation des apprentis architectes. Ainsi, depuis la rentrée 2015, entre 40 et 50 étudiants de 4e et 5e année ont planché sur l'un des cinq projets collectifs de l'entrée de ville de la métropole toulousaine. Une initiative que le maire de la ville, Jean-Luc Moudenc, a salué, samedi 19 mars 216, au salon du logement neuf. L'objectif de cette collaboration était de "rapprocher les deux professions et de réinventer l'architecture toulousaine de demain", a déclaré, à l'AFP, Laetitia Vidal.

 

Apprendre à se connaître et mieux comprendre l'autre

 

 

Des promoteurs immobiliers faisant appel à des étudiants en architecture, une concurrence déloyale pour les architectes professionnels ? Pas du tout assure Philippe Gonçalves, président du Conseil de l'ordre régional des architectes de Midi-Pyrénées. Au contraire. "C'était l'occasion de faire un important travail pédagogique ensemble", nous explique-t-il. En aucun cas, il était question de faire plancher les étudiants sur des faisabilités de projets gratuitement, précise-t-il. Chacun a ainsi pu mieux comprendre le travail de l'autre, apprécier sa vision et ses savoir-faire. Ce partenariat est "une découverte de l'autre, un partage des cultures métier formidable", souligne Monique Reyre. Pour elle, c'est aussi et surtout un moyen pour les étudiants "de démystifier les promoteurs et de commencer à constituer leur réseau professionnel".

 

Etudiants, professeurs, promoteurs et élus de la Région ont, en effet, reconnu qu'il y avait là, matière à développer ensemble des réflexions autour du développement urbain, des transports et du logement. Et après ? La réussite de ce partenariat devrait être, dans les semaines à venir, discutée au sein du Conseil de l'ordre des architectes au niveau national. Philippe Gonçalves estime que de tels partenariats peuvent être profitables à la profession, s'ils sont bien encadrés, et qu'ils pourraient se développer sur le territoire. Bilan de cette coopération : "C'est une grosse pierre à l'édifice sur ce qui peut être fait sur la ville de demain" conclut l'architecte.

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