L'Armée du Salut de Marseille est en train de créer un village de maisons en bois à destination des personnes très désocialisées. Dix modules à ossature bois comprenant sanitaires et kitchenette sont déjà installées dans le 3e arrondissement. Découvrez le concept «Tinid».

Dix petites maisons en bois sont installées sur un terrain de l'Armée du Salut à Marseille. Dans quelques semaines, lorsque les travaux de voirie et de réseau seront terminés, elles accueilleront une vingtaine de SDF très désocialisés pour un hébergement de longue durée. A l'origine de ces petites maisons, appelées «Tinid» (raccourci de «p'tit nid»), il y a Frédéric Cuvelier, un constructeur de maisons en bois qui cherchait une solution pour loger ses propres ouvriers.

 

Il a donc créé les «Tinid», sur le même concept que les maisons bio vendues à ses clients : panneaux solaires pour l'eau chaude, isolation par la ouate de cellulose au plancher, toit végétalisé… Ces petites maisons, qui mesurent entre 18 et 24 m2, sont étudiées pour accueillir deux à trois personnes et fonctionnent comme des baraques de chantier et se transportent d'ailleurs avec le même type de camion grue. «La différence, c'est que dans ces maisons, il y a de la dignité, on prend l'humain en considération», précise Frédéric Cuvelier, gérant de Biohome.

 

Accueil inconditionnel
C'est d'ailleurs ce qui semble avoir séduit l'Armée du Salut, qui cherchait justement à implanter un village de mobil homes sur un terrain qu'elle possédait dans le 3e arrondissement de Marseille. L'idée est d'y loger de grands marginaux, seuls ou en couple, «qui refusent toute autre forme d'hébergement pour les raisons souvent évoquées : chiens interdits, manque de sécurité, horaires... l'idée avec ce village est d'abaisser au maximum tous les obstacles, pour offrir un accueil inconditionnel», explique Samuel Coppens, directeur de l'Armée du Salut de Marseille. «Nous voulions un vrai lieu de vie, pour faire habiter ces maisons de manière durable : nous avons donc gardé le concept et créé de vrais lieux de vie dans ces maisonnettes pour deux personnes, qui pourront habiter là de façon durable», poursuit-il. Après avoir lu un article dans la presse, il contacte Frédéric Cuvelier et les deux hommes entament ce projet de village appelé «Le hameau». Certes, le budget est légèrement plus élevé à l'achat (environ 20.000 euros) que si l'association avait acquis des mobil-homes. «Mais à terme, ces maisons seront plus résistantes. De plus, le bois est un élément apaisant», explique Samuel Coppens.

 

Si les maisons sont installées, les travaux de voierie restent à réaliser. «Nous attendons de nouveaux devis et espérons trouver une entreprise qui fera tomber un peu les prix, pour pouvoir ouvrir le village au début de l'année prochaine», explique Samuel Coppens, pour qui ce projet résulte de «la rencontre entre une proposition appropriée et les gens qui sont à la rue».

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Le Hameau

Tinid
Tinid © Bio Home
Le Hameau, village de 10 maisons "Tinid" en bois, est situé sur un terrain appartenant à l'Armée du Salut, dans le 3e arrondissement de Marseille, près de la résidence William Booth, qui appartient aussi à l'association. Il accueille dix modules d'habitation et un module d'accueil.

Transport

Tinid
Tinid © Bio Home
Une maison "tinid" pèse, selon l'aménagement, environ 2 tonnes. Elle se transporte comme une baraque de chantier, à l'aide d'un camion-grue.

Tinid

Tinid
Tinid © Bio Home
Le module est construit sur le principe d'une ossature bois, d'une dimension de 4 x 5,5 m. Les murs sont isolés par le chanvre et protégés par un bardage en pin. Le toiture est végétalisée, et des panneaux solaires produiront l'eau chaude.

Habitat durable

Tinid
Tinid © Bio Home
Chaque module pourra héberger deux personnes de manière durable.

Sanitaires

Tinid
Tinid © Bio Home
Chaque module est équipé d'une salle de bains et d'une kitchenette.

Plan

Tinid
Tinid © Bio Home
Ces maisons sont aménagées pour deux, qu'il s'agisse d'un couple ou de deux colocataires. Selon Frédéric Cuvelier, gérant de Bio Home, le concept pourrait être adapté "pour des étudiants ou des maisons de retraite dont les pensionnaires seraient autonomes".