Pour fêter les 10 ans de Batiactu, coup de projecteur sur les réalisations marquantes de la décennie. Projets architecturaux d'envergure, infrastructures emblématiques, constructions pionnières… Revivez les grands événements du secteur, avec aujourd'hui la visite de la passerelle Simone de Beauvoir, le dernier des ponts construits au-dessus de la Seine à Paris.

Ce n'est pas tous les jours qu'un pont vient enjamber la Seine ! Ainsi, Paris a inauguré son 37e passage entre ses deux rives, avec la passerelle Simone de Beauvoir. Posée sur les berges du fleuve, dans le 13e arrondissement, elle a ouvert aux piétons le 13 juillet 2006. A l'époque, Batiactu avait visité l'ouvrage en avant-première avec son concepteur, l'architecte autrichien Dietmar Feichtinger. Retour sur le chantier.

 


«Après 24 mois de chantier, nous sommes actuellement en période d'ajustement», commente l'Autrichien Dietmar Feichtinger, architecte de la passerelle Simone de Beauvoir, 37ème pont de Paris, qui ouvre aux piétons le 13 juillet 2006. «Nous avons effectué les tests de charge la semaine dernière, et nous effectuerons les tests de vibration le 10 juillet», précise-t-il.

 

D'une longueur de 304 mètres, soit l'équivalent à l'horizontal de la tour Eiffel, la passerelle relie en partie haute le parvis de la Bibliothèque Nationale de France aux jardins du parc de Bercy, et en partie basse le quai François Mitterrand à la voie express Georges Pompidou. «Les parcours piétons se croisent en suivant le même cheminement que les forces au sein de la structure d'acier», souligne Dietmar Feichtinger. «Il s'agit d'une combinaison de deux courbes formant une sorte de lentille : celle du haut fonctionne en compression comme un arc élancé et celle du bas fonctionne en traction comme un pont suspendu», détaille-t-il. Des faisceaux de colonnes unissent et stabilisent les deux lignes. «Je trouve cet ouvrage assez féminin», avoue l'architecte. D'une part car «ces courbes apportent de la douceur à un quartier où les volumes des bâtiments sont rigoureux». Et d'autre part car «sa structure fine impressionne même sans montrer ses muscles !».

 

Plus sérieusement, Dietmar Feichtinger raconte que «cette passerelle ne représente pas seulement un lien, mais aussi un lieu». Un exemple : la place de 65 m de long et 12 m de large créée au centre de l'ouvrage, là où les tabliers se chevauchent. «Cet espace, bientôt équipé de bancs, incite le passant à faire une pause à mi-chemin», explique l'architecte. «C'est un endroit intime, proche de l'eau, contrairement au pont supérieur qui sert de belvédère panoramique sur Paris», termine-t-il. Des kiosques ou des bouquinistes pourraient éventuellement s'y installer, rattachant encore plus cette passerelle aux célèbres quais parisiens.

 

 

 

Bio express de Dietmar Feichtinger

 

Né en Autriche, Dietmar Feichtinger a effectué ses études d'architecture à l'Université technique de Graz. Diplômé en 1988 avec la mention très bien, il poursuit ses collaborations avec des agences autrichiennes, avant de venir s'établir en France en 1989. Chef de projet et associé chez Philippe Chaix et Jean-Paul Morel, il créé son agence «Feichtinger Architectes» en 1994. Basé à Paris et à Vienne, entouré d'une vingtaine de collaborateurs, enseignant en Allemagne, en France et en Autriche, il a reçu en 1998 le Prix de l'Architecture de l'Académie des Arts allemande. Il livrera en fin d'année une passerelle sur Rhin, entre Huningue (France) et Weil am Rhein (Allemagne), ainsi qu'en février 2007 la passerelle Granite à La Défense. Il est également du futur du pont-passerelle d'accès vers le Mont Saint Michel. Panorama de son travail d'ingénieur et d'architecte sur le site Internet : www.feichtingerarchitectes.com.

 


Fiche des intervenants

 

Maîtrise d'ouvrage : Marie de Paris, Direction de la voirie et des déplacements ; SAGP, Service de l'aménagement des grands projets ; DONS, Département des ouvrages non sectorisés.

 

Maîtrise d'oeuvre : Feichtinger Architectes, agence d'architecture mandataire ; José Luis Fuentes, architecte chef de projet ; RFR ingénieurs, Bureau d'étude technique ; PSP Aachen, essais aérodynamiques. Bureau de contrôle : SETRA.

 

Longueur totale de la passerelle : 304 m.

 

Coût : 21 millions d'euros TTC.

 

Entreprises : Eiffel constructions métalliques (mandataire charpente métallique), Joseph Paris SA (co-traitant charpente métallique), Solétanche Bachy France (fondations spéciales, gros oeuvre, VRD), SNST (serrurerie, métallerie), Forclum (électricité, éclairage), Etna Fapel (ascenseurs), CM Leduc (platelage bois), Borifer (peinture).

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Structure fine et épaisse à la fois

Passerelle
Passerelle © M. C.
Pour sa première passerelle à Paris, l'architecte autrichien Dietmar Feichtinger a dessiné une structure qui apparaît fine de loin et plus épaisse de près. Aucune pile intermédiaire ne vient perturber la vision du plan d'eau.

© Milena Chessa / Batiactu

Passerelle piétonne

La passerelle piétonne, baptisée Simone de Beauvoir, relie en partie basse le quai François Mauriac à la voie express Georges Pompidou, et en partie haute le parvis de la Bibliothèque nationale de France et le jardin de Bercy. Un dénivelé de 8 mètres sépare les deux niveaux.

© Milena Chessa / Batiactu

Inauguration en juillet 2006

Les barrières de chantier, photographiées le 24 juin, laisseront la place au ruban d'inauguration le 13 juillet.

© Milena Chessa / Batiactu

Doubles niveaux

Les deux niveaux de la passerelle, qui se rejoignent ponctuellement, possèdent des largeurs différentes : 12 m pour la partie basse et 6 m pour la partie haute.

© Milena Chessa / Batiactu

Variation des perspectives

Pour donner le sentiment d'un trajet plus court au promeneur, les perspectives varient tout au long de la traversée, avec des transparences sur la Seine.

© Milena Chessa / Batiactu

Obélisques

Le coeur de la passerelle accueille un espace plus intime, bordé par des faisceaux de tubes métalliques baptisés «obélisques». Encastrés entre l'arc supérieur et la caténaire inférieure, ils forment une poutre de type demi-Vierendeel. La solidité des fixations a été testée la semaine dernière à l'aide de conteneurs à eau, d'un poids total de 550 tonnes.

© Milena Chessa / Batiactu

Lames de bois de chêne

La passerelle, d'une longueur semblable à celle de la tour Eiffel (304 m), est revêtue de bois de chêne rainuré de provenance locale. Les lames mesurent de 2,80 à 3,20 m de long sur 1,20 m de large, et sont espacées de 6 mm pour l'écoulement des eaux pluviales. Des inserts en résine assurent l'adhérence dans les parties les plus inclinées.
© Milena Chessa / Batiactu

Garde-corps

Un tissage de fils d'acier inoxydables, tendus entre des montants verticaux, sert de garde-corps. Les luminaires sont discrètement intégrés sous la main courante en aluminium, ainsi qu'en sous-face des tabliers supérieurs.

© Milena Chessa / Batiactu

Passerelles secondaires

Des passerelles secondaires traversent les voies de circulation rapide. Des escaliers permettent d'y accéder.

© Milena Chessa / Batiactu

Accessibilité

Les personnes handicapées pourront rejoindre la partie supérieure de la passerelle grâce à des ascenseurs installés à chacune de ses extrémités.

© Milena Chessa / Batiactu

Différentes largeurs

Les extrémités de la passerelle ont des largeurs différentes selon le contexte d'arrivée : large sur les jardins de Bercy (photo), étroit sur la voie express Georges Pompidou (photo précédente) ; et inversement, étroit sur le parvis de la BNF et large sur le quai François Mauriac (photo n°2).

© Milena Chessa / Batiactu

Côté jardin

Côté jardins de Bercy, près de la Cinémathèque française, la passerelle semble posée délicatement sur le sol en pierre.

© Milena Chessa / Batiactu