Depuis lundi, une trentaine d'ouvriers polonais, travaillant à la construction du tribunal de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), sont en grève et occupent le chantier pour obtenir le versement de leurs salaires.

«Nous n'avons touché que des acomptes et nous ne pouvons pas rentrer chez nous en Pologne à Noël car nous ne sommes pas payés», a expliqué l'un des grévistes, Iacek. Une immense banderole ornée de sapins a été installée sur le chantier avec la mention: «Nous sommes au palais de justice et nous voulons que justice soit faite - Grève de la faim ? Solidarnosc».

Selon l'avocat des grévistes, Me Wladyslaw Lis, le chantier de construction du tribunal a été remporté par Dumez, qui a fait appel à des sous-traitants, notamment la société Adonis Rénovations à Sciez (Haute-Savoie), qui a elle-même fait appel à une société allemande, Dashi, basée à Düsseldorf. Cette société a recruté des ouvriers en Pologne pour poser des cloisons et des faux plafonds. «Pour travailler en France, ces hommes ont besoin d'un permis mais plusieurs d'entre eux sont immatriculés en Allemagne comme artisans, ce qui leur donne le droit de travailler», explique l'avocat. «On leur avait promis 10 euros de l'heure, mais ils n'ont reçu que des acomptes allant au maximum à 800 euros alors qu'ils avaient travaillé 160 à 200 heures par mois. Ils sont méfiants car ils ont appris que d'autres Polonais qui avaient travaillé sur le chantier d'un hôtel de luxe à Evian (Haute-Savoie) n'avaient jamais reçu la totalité de leurs salaires», explique Me Lis.

De son côté, un porte-parole d'Adonis confirme que «ces Polonais sont des artisans déclarés en Allemagne depuis plusieurs mois et ils ont le droit de travailler en France». «On a leurs papiers et nous sommes à jour de nos versements à Dashi, c'est donc un problème qui concerne l'entreprise allemande», ajoute-t-il. Enfin, du côté de l'inspection du travail, on indique qu'une «enquête est en cours».

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