PATRIMOINE. Alors que le chantier de sécurisation se poursuit à Notre-Dame de Paris, des professionnels du bâtiment et du patrimoine estiment qu'il faudra rapidement se saisir de la question de la formation et du recrutement de jeunes effectifs pour la restauration de l'édifice.

La mission de sauvetage de la cathédrale Notre-Dame de Paris suit son chemin avec son lot d'incertitudes. Sur la résistance de l'édifice au vu de la fragilité de ses voûtes, la crainte d'un décalage entre promesses de dons et générosité effective, ou encore sur la formation et du recrutement des effectifs.

 

Ce dernier point a été longuement évoqué à La Rencontre des entrepreneurs de France du Medef le 29 août 2019, lors d'une table-ronde réunissant des acteurs du bâtiment et du patrimoine. A la question centrale "Notre-Dame, et après ?", Michel Guisembert, nommé à la tête des Chantiers de France appelle à "mettre en exergue les métiers de l'excellence".

 

Quelques jours après l'incendie de la cathédrale parisienne, les ministres de l'Education nationale et du Travail avaient conjointement lancé les "Chantiers de France". L'opération vise à faire de la restauration de Notre-Dame le déclencheur d'un mouvement plus large de formation d'apprentis aux métiers du patrimoine.

 

"Les planètes s'alignent pour réaliser quelque chose de bien (…), cela reste néanmoins une idée très fragile, on pourrait passer à côté", s'inquiète le pilote des Chantiers de France, également président de Worldskills France. A ce stade, le co-président du Groupement des monuments historiques (GMH) Fréderic Létoffé estime qu'il "est difficile d'évaluer les moyens humains nécessaires pour réaliser ce chantier".

 

Donner de la visibilité

 

Alors que les métiers du patrimoine peinent à se faire connaître et à attirer de jeunes recrues, Michel Guisembert, Frédéric Létoffé et Jacques Chanut , patron de la FFB, admettent à l'unisson que l'incendie de Notre-Dame a pu susciter un intérêt nouveau pour la pierre de taille ou la charpenterie. "On commence à voir des jeunes qui interrogent les entreprises, les CFA ou des compagnons", illustre le co-président du GMH.

 

Mais derrière cet engouement balbutiant, se pose la question de l'après-Notre-Dame. "Il y a besoin de leur donner de la visibilité", nuance Frédéric Létoffé "on ne sait pas encore dire à un jeune qui travaille dans la taille de pierre s'il peut évoluer et devenir conducteur de travaux, conservateur ou architecte du patrimoine".

 

"Un très grand nombre de jeunes ne connaissent pas l'existence des métiers", confirme Michel Guisembert. Un constat qui questionne les professionnels sur leur communication: "nous avons besoin de mettre en évidence des gens qui ont réussi dans la vie", soumet le président des Chantiers de France. De nombreux professionnels du patrimoine seront présents aux premières Assises franciliennes du patrimoine organisées le 13 septembre prochain.

 

"Servons-nous de la cause de Notre-Dame mais ne trompons personne", avertit néanmoins Michel Guisembert. "Nous ne pouvons pas promettre à un jeune apprenti qu'il aura à tailler une gargouille, mais qu'il y a beaucoup d'autres choses passionnantes", affirme-t-il.

 

actionclactionfp