La pénurie de candidats pour le métier de menuisier est une réalité. C'est un des résultats de l'étude du site pour l'emploi généraliste Jobintree, qui fait le point sur "ces métiers dont personne ne veut…". Explications avec Carlos Goncalves, co-fondateur de la société.

Le titre de l'étude se veut volontairement provocateur, mais reflète pourtant une réalité. Que ce soit parce qu'ils n'intéressent pas les candidats, sont peu rémunérateurs ou simplement méconnus, certains postes peinent toujours à trouver des candidats. C'était ainsi le cas à fin 2012, où le nombre d'annonces, de manière globale, postées sur le site d'emploi Jobintree, chutait de 16%, quand la moyenne nationale s'établit entre -15 et -20%.

 

Dans le top 10 des métiers qui n'attirent pas, on trouve celui de menuisier à la 9e place. "Cette catégorie a perdu 11% en termes de nombre d'annonces", nous confie Carlos Goncalves, co-fondateur de Jobintree. Le BTP aurait perdu de 7 à 8% d'annonces en 2012. Selon lui, la menuiserie comptait 190 annonces à date, sur un total d'environ 3.500 pour l'ensemble du secteur du BTP, dont 175 postées par des agences d'intérim, 10 en CDI et 3 en CDD ! "Il existe un vrai déséquilibre par rapport à d'autres métiers", note-t-il. En effet, l'intérim demeure très présent dans le BTP, et est même en progression ces dernières années, souligne le responsable du site d'emplois. Qui constate que les structures de ce secteur ne sont pas forcément adaptées (pas de RH, notamment) et qu'une fois les CV reçus, pas de personnel pour les prendre en charge. Mais aussi que les chefs d'entreprise prennent moins de risque en faisant appel à une agence d'intérim en particulier pour le choix du candidat.

 

La formation, talon d'Achille du secteur du bâtiment
Alors pourquoi un tel désamour du métier de menuisier? "Ce n'est pas forcément cela, car le BTP est un secteur qui recrute en permanence. Le véritable problème, c'est l'inadéquation de la formation par rapport aux emplois proposés, déplore Carlos Goncalves. C'est de là que vient le phénomène de pénurie." Et de nous préciser que de récents chiffes de l'Insee révélaient que seulement 24% des actifs travaillaient actuellement dans le métier pour lequel ils ont été formés ! La solution ? "Il faudrait changer l'image de ces métiers mal payés, mal perçus et dévalorisés", ajoute-t-il.

 

Et le responsable de confirmer : "60% des annonces concernent l'industrie du bâtiment. Il y a un réel besoin. D'un autre côté, un nombre impressionnant de CV nous arrivent pour des métiers du secteur tertiaire. Il y a tout simplement pénurie car il n'y a pas d'audience en face".

 

Intégrer les jeunes, une priorité
Côté perspectives, si l'ambiance est morose, l'homme se veut toutefois porteur d'espoir. "Notre seul espoir, c'est la contraction du marché qui dure depuis maintenant plus de 18 mois. C'est long. On attend la fin de ce cycle, et nous espérons une petite reprise pour la fin de l'année 2013, pas avant. Toutefois, nos clients de l'intérim affichent une baisse de 15%, ce qui ne présage rien de bon pour les six prochains mois". L'espoir est aussi du côté de l'alternance, "une bonne formule plébiscitée par les entreprises".

 


Jobintree a étudié plus de 25.000 offres d'emplois et 500.000 actes de candidatures effectuées via son site www.jobintree.com. La période analysée court d'octobre à décembre 2012.

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