Artère haussmannienne à rénover, à deux pas du Vieux Port : ce rêve d'investisseur inquiète les habitants de la rue de la République, à Marseille, qui veulent défendre la mixité sociale face à un vaste projet de "requalification" de leur quartier en plein centre de Marseille.

A moitié inoccupée, la plus parisienne des rues de Marseille, bordée sur 1,2 km de façades noircies dont les arrière-cours sont insalubres pour la plupart, a été rachetée à 40% en août par le fonds d'investissement américain Lonestar, qui devrait relancer les travaux de rénovation après des années d'atermoiements. Au grand dam des plus modestes locataires, bénéficiant de loyers de 1948 et 1989, qui craignent de devoir s'exiler.

Le projet était dans les cartons depuis le lancement de l'opération "Euroméditerranée" de "requalification urbaine", touchant tout un quartier central de Marseille, dans lequel se trouve la rue de la République. Cette "rue impériale" édifiée en 1865, présente la particularité de n'appartenir qu'à deux propriétaires (Lonestar 40% et Eurazeo, filiale du groupe Lazard, pour 30%) et à une poignée de particuliers pour le restant. Au total, 5.200 logements sont concernés par la réhabilitation.

Lonestar, qui a investi 300 millions d'euros pour racheter l'ancien propriétaire, la société P2C devenue Marseille République, est convaincu que la rue située entre le quartier d'affaires de la Joliette et la Canebière va entraîner "le doublement du centre-ville". Des propos qui n'ont pas rassuré les associations de quartier dans une ville où l'immobilier flambe, avec une hausse d'environ 24% dans ce secteur sur l'année écoulée.

La querelle a rebondi sur le terrain politique entre le département et la région, tous deux à majorité socialiste, qui contestent des non-renouvellements de baux, et le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, monté au créneau à plusieurs reprises pour affirmer que "30% des logements seraient bien rétrocédés à des bailleurs sociaux".

Espérant faire taire les détracteurs, Eric Foillard, président de Marseille République, a présenté mardi à la presse son programme de logement social, en réaffirmant qu'"il n'y aura aucune expulsion". 476 des 1.311 logements, gérés par son groupe, soit 28 immeubles, ont été cédés au prix des Domaines à quatre bailleurs sociaux. Le reste du patrimoine sera rénové, puis mis en vente ou proposé à la location d'ici deux ans et jusqu'en 2010. La société Eurazeo a annoncé qu'elle affecterait 100 de ses 2.000 logements au logement social.

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