CONJONCTURE. Face à une légère atténuation du chômage en France malgré un ralentissement de la croissance, le moral des Français s'est progressivement amélioré en 2019, se répercutant sur les transactions immobilières, toujours au beau fixe selon le bilan annuel tiré par LPI-Se Loger. Mais 2020 pourrait être l'année du tour de vis.

En 2019, la courbe de la croissance a continué de s'infléchir, à 1,4% contre 1,7% l'année précédente tandis que l'Etat a, à plusieurs reprises, réduit son soutien aux dispositifs publics d'accession à la propriété. Mais cela n'a pas entaché le moral des Français, qui "s'est redressé tout au long de l'année", rapporte LPI-Se Loger dans son bilan annuel présenté le 7 janvier 2020.

 

Cette tendance à l'optimisme se traduit notamment par un marché immobilier dynamique, porté par une hausse des transactions de +8,1% . Une propulsion que l'on doit à la baisse des taux de crédits, qui ont atteint des niveaux inédits à 1,12% , assortie d'un assouplissement des conditions d'octroi. Un lot de consolation pour de nombreux ménages, dont les désirs d'acquisition avaient été freinés en 2018, avec un recul du nombre de compromis de vente de 4,8%.

 

Mais pour l'économiste et porte-parole de LPI, Michel Mouillart, "la baisse des taux d'intérêt n'est qu'un affichage, il faut surtout voir la formidable baisse des taux d'apport, descendus à des niveaux jamais observés". Une baisse qui a permis de "faire rebondir l'activité de marché, dans des territoires où elle était bloquée", assure-t-il à Batiactu , citant les exemples de la Bourgogne ou la Champagne-Ardenne.

 

Vers un réajustement des prix, en phase avec les recommandations des autorités monétaires

 

Cette course à l'acquisition dans la pierre n'a pas été sans conséquences sur les prix de l'ancien, qui ont progressé de +4,7% en rythme annuel, une augmentation beaucoup plus notable dans le secteur des maisons, à +5,4% en 2019 contre +3,4% en 2018. La maison individuelle n'a cependant pas été aussi bien lotie dans le neuf, du fait d'une érosion du soutien public à l'accession. La baisse de la demande a ainsi produit un ralentissement des prix des demeures neuves, à +0,6% en 2019 contre +2,1% en 2018, a contrario des appartements, dans le neuf toujours, qui affichent une hausse annuelle des prix de +3,1%.

 

Alors qu'il est encore de coutume de prononcer les vœux de bonne année, que souhaiter au secteur de l'immobilier en 2020 ? Selon les prévisions de LPI-Se Loger, les transactions dans l'ancien devraient afficher une légère décélération des prix, avec une progression de +4% contre +4,7% en 2019. Une tendance qui, selon Michel Mouillart, est à associer aux récents avertissements des autorités monétaires sur l'assouplissement des conditions d'octroi de crédits.

 

"Nous assisterons probablement à un ralentissement de l'activité, qui n'ira pas jusqu'à l'effondrement mais permettra un retour à une situation moins tendue. L'année 2019 a été à la limite de la rupture, comme le racontaient certains de nos agents immobiliers qui n'avaient presque plus le temps de préparer les compromis", illustre-t-il. Un réajustement des conditions d'emprunt pourrait avoir un effet à double tranchant: favoriser la régulation des prix immobiliers, mais exclure du marché certains ménages qui auraient pu avoir accès à un emprunt immobilier en 2019, notamment dans "les villes moyennes du Centre et de l'Est". Au risque de creuser davantage les inégalités entre métropoles et villes moyennes.

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