Dans un contexte international de tension extrême, le Premier ministre russe a annoncé la construction d'un pont au-dessus du détroit de Kertch, entre la Crimée et la péninsule de Taman, dans la région russe de Krasnodar. Une décision hautement symbolique pourtant déjà actée par la signature en avril 2010 d'un accord entre les présidents russes et ukrainiens d'alors, Dmitri Medvedev et Viktor Ianoukovitch.

Alors que la situation en Crimée cristallise les tensions internationales, Moscou annonce la signature par Dmitri Medvedev, actuel Premier ministre, d'un décret confiant à l'entreprise publique Avtodor le soin de construire un pont qui reliera la province russophone directement au territoire de la Russie. Si cette annonce au cœur de la crise russo-ukrainienne apparaît comme un geste fort, il avait été amorcé dès le mois d'avril 2010, moment où Dmitri Medvedev (alors président) et son homologue ukrainien, Viktor Ianoukovitch (aujourd'hui destitué), avaient signé un accord autorisant la construction d'un pont sur le détroit de Kertch. Un lien qui devait constituer "un élément important d'une autoroute qu'il est prévu de construire autour de la mer Noire", précisait à l'époque l'agence de presse Ria Novosti.

 

L'idée du pont ressurgit
Le tracé du pont, qui devra enjamber un bras de mer large de 4,5 km mais très peu profond (18 mètres au maximum) entre mer Noire et mer d'Azov, n'est pas encore arrêté et les études techniques devraient être terminées au mois de novembre 2014. L'ouvrage, d'une largeur de tablier de 22 mètres, accueillera une autoroute, une voie ferrée et une traversée piétonne. Sa capacité est estimée à 20 millions de traversées par an, entre Kertch et Taman, pour un investissement de 480 M€.

 

Un pont temporaire avait brièvement existé à l'été 1944, construit après la libération de la Crimée par l'Armée rouge. Mais il avait été emporté six mois plus tard par les glaces. A partir de 1952, un système de ferry avait été mis en place, permettant à des trains et des automobiles de franchir le détroit de Kertch, service qui avait été stoppé à la fin des années 1980 puis réinstauré à l'automne 2004. C'est aujourd'hui encore le seul moyen de rallier directement le territoire russe à la province irrédente, sans passer par l'Ukraine continentale et les routes de l'isthme de Perekop au nord. L'idée de reconstruire ce lien symbolique fort avait été envisagée dans les années 1990, puis abandonnée en raison de son coût. Mais elle avait été évoquée plus récemment par l'ancien maire de Moscou, Youri Loujkov, qui souhaitait rapprocher la Crimée de la Russie. Ce vieux rêve russe deviendra-t-il réalité ?

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