Le nombre des travailleurs étrangers hors UE est resté stable en 2010, année qui a vu la création de 25.000 entreprises sur le territoire, notamment dans le secteur de la construction. L'Agence pour la création d'entreprises et la Direction de l'accueil, de l'accompagnement des étrangers et de la nationalité ont dressé un profil de ces dirigeants qui investissent et participent à la dynamique de l'économie française.

Les populations étrangères vivant en France sont-elles fragilisées sur le marché du travail ? C'est la question à laquelle ont tenté de répondre l'Agence pour la création d'entreprises (APCE) et la Direction de l'accueil, de l'accompagnement des étrangers et de la nationalité (DAAEN), via l'étude intitulée "La création d'activité par les personnes migrantes, issues de la diversité ou des quartiers - Un levier d'intégration et de croissance pour la France"*.

 

Publiée fin 2013, cette étude permet de mieux comprendre et évaluer le poids économique des travailleurs immigrés dans l'économie française, et notamment dans la création d'entreprises. Pour rappel, en 2010, selon l'Insee, on comptait 3.8 millions d'étrangers résidant en France, soit 5.9% de la population totale. Environ 1.5 million étaient originaires et avaient la nationalité du Portugal, d'Algérie ou du Maroc.

 

70% des entreprises artisanales créées le sont dans le secteur de la construction
Fort de ce constat, l'étude indique sur l'année 2010, plus de 25.000 entreprises ont été créées par des personnes de nationalité étrangère d'un pays hors Union européenne. Paradoxalement, alors que le nombre d'entrepreneurs a considérablement augmenté entre 2008 et 2010, en raison de la mise en place du régime de l'auto-entrepreneur (AE) en 2009, le nombre d'entrepreneurs de nationalité étrangère hors UE est resté stable (24.000 en 2008).

 

Le profil des entrepreneurs étrangers se dessine ainsi comme tel : la majorité des créations d'entreprises se font sous forme d'entreprise individuelle (68%). Les hommes sont davantage représentés, les créateurs ayant souvent moins de 30 ans (17%) au moment de la création. Côté secteur d'activité, la construction rassemble 30% des créateurs de nationalité étrangère, tandis que 70% des entreprises artisanales créées le sont dans le secteur de la construction, indique l'étude.

 

Motivation et volonté d'insertion
Parmi les motivations des nouveaux créateurs d'entreprises "traditionnelles", 60% le font pour assurer son propre emploi, pour développer leur entreprise (40%), pour la perspective d'augmenter leurs revenus (29%). Chez les créateurs d'auto-entreprise, assurer son propre emploi (52%), envie de créer son entreprise (48%) et tester un projet d'entreprise (35%) arrivent en tête des motivations. Preuve aussi de leur volonté d'insertion professionnelle et d'intégration, 22 % des entrepreneurs étrangers embauchent dès le démarrage de l'activité (contre 12 % des Français).

 

Enfin, côté financement, près de 3 créateurs étrangers sur 5 ont mobilisé moins de 4.000 € de capitaux pour démarrer leur activité et 12% ont mobilisé 16.000 € ou plus. On voit là davantage de difficultés du côté des étrangers que des Français pour financer leur projet. Alors que ces derniers se tournent volontiers vers les banques ou établissements financiers, les premiers - auto-entrepreneurs - utilisent majoritairement leurs propres ressources (85%), ont profité d'un emprunt non-bancaire de type avance remboursable ou prêt d'honneur (5%), ont déclaré un prêt bancaire en leur nom propre (3%). Chez les entrepreneurs traditionnels, on constate que 62% d'entre eux font appel à leurs fonds propres, à ceux de leur famille ou de leurs associés.

 

"Face au débat dense sur la place des migrants dans la société française, leur apport à la création d'activité vaut d'être souligné", conclut l'APCE.

 


*Méthodologie
Cette nouvelle étude, réalisée par l'APCE, s'est appuyée sur l'exploitation de données statistiques et documentaires, des auditions d'une nouvelle population d'acteurs de l'accompagnement et la conduite d'entretiens individuels et de « focus group » avec des conseillers et entrepreneurs. Ces résultats ont été combinés avec les informations fournies par les structures d'accompagnement ayant mis en place des dispositifs d'appui à la création d'activité à destination des personnes migrantes, issues de la diversité et des quartiers.

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