Le prix international d’architecture durable, lancé conjointement par la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et l’Etablissement Public d’Aménagement du Mantois Seine-Aval, a été attribué à Hermann Kaufmann. L’architecte autrichien va réaliser une maison écologiquement correcte à Chanteloup les Vignes, dans les Yvelines.

Le jury du prix international d’architecture durable, présidé par Yann Arthus-Bertrand, a rendu son verdict le 24 septembre dans le cadre prestigieux de la villa Savoye, construite par Le Corbusier. Le lauréat de la première édition est Hermann Kaufmann, un architecte autrichien spécialisé dans la construction bois. «Cette récompense m’encourage à continuer mon travail. Il reste tellement de choses à faire en architecture dans le domaine du développement durable» confie-t-il visiblement ému.

Une même démarche
A en croire les réactions recueillies à l’issue des délibérations, le choix n’a pas été facile. Les cinq nominés sont en effet tous et autant concernés par les enjeux du développement durable. Ils en tiennent compte sur le plan architectural mais également lors de la mise en œuvre. Leurs bâtiments récupèrent des eaux de pluie, traitent les eaux usées et produisent souvent eux-mêmes leur énergie. Ils font la part belle aux ressources naturelles, favorisent la lumière naturelle ainsi que la présence de l’eau et des plantes pour réduire leur consommation d’énergie. «Nous avons reçu des candidatures de grande qualité. Qu’il vienne de Chine, d’Inde ou d’Allemagne, chaque nominé propose une architecture innovante, progressiste et éthique» se réjouit François de Mazières, président de la cité de l’Architecture et du Patrimoine. L’architecte indien Balkrishna Doshi a ainsi obtenu un prix spécial récompensant l’ensemble de sa carrière.

Un exemple à suivre
D’après Yann Arthus-Bertrand, président du jury, la mise en lumière du travail d’Hermann Kaufmann peut contribuer à faire évoluer les mentalités en France : «Dans notre pays, il n’y a pas assez de constructions respectueuses de l’environnement. Les idées de cet architecte, qui ne construit que des maisons à basse consommation d’énergie, doivent être absolument reprises». Malgré la déception de ne pas avoir remporté le prix, l’architecte Françoise Hélène Jourda, trouve elle aussi le moyen de complimenter le travail de son confère : «Hermann Kaufmann instaure un lien particulier, une sorte d’osmose, avec les différentes entreprises qui interviennent sur son chantier. Si on veut que l’architecture durable se développe en France, il faudra calquer notre comportement sur le sien» explique-t-elle.

Un gîte urbain
En tant que lauréat, l’architecte autrichien va se voir confier la réalisation d’une maison de 300 m² écologiquement correcte. Le programme 2007 prévoit la construction d’un bâtiment se composant de deux unités distinctes : des logements pour les étudiants ou pour les groupes et une salle de travail ou salle d’exposition. Un terrain situé sur la commune de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines acheté par l’Etablissement Public d’Aménagement du Mantois Seine-Aval est prêt à l’accueillir. «La parcelle offre une vue dégagée sur toute la vallée de la Seine jusqu’au quartier de la Défense» précise Nicolas Samsoen, directeur général de l’EPAMSA. Il poursuit : «étant inscrite dans un tissu urbain dense, elle instaurera facilement un dialogue avec la population locale». D’ailleurs, à l’instar de la villa Savoye, les portes de cette demeure seront ouvertes au grand public.

Bastion de l’architecture moderne
D’ici 2058, 51 maisons devraient être fabriquées sur le territoire de la Seine Aval. «Chaque année, carte blanche sera donnée au lauréat du prix qui concevra et construira une habitation durable» précise Pierre Bédie, Président du conseil Général des Yvelines. Pierre Cardo voit dans ce projet une formidable occasion de dynamiser sa commune : «C’est toute une filière qui pourrait s’implanter sur notre territoire : par l’installation d’entreprises produisant des matériaux d’éco-construction et qui pourront utiliser la Seine pour le transport de leurs produits, bien sûr, mais aussi par la mise en place de formations adéquates». Des propos enthousiastes qui trouvent une résonance chez de nombreux observateurs. Selon eux, avec la création de cette collection manifeste d’architecture du XXIe siècle, la boucle de Chanteloup serait en passe de devenir un site emblématique en île de France dans le domaine de l’habitat du futur.

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