Le Syndicat français de l'industrie cimentière a alerté ce lundi les pouvoirs publics sur les risques forts liés à son activité. Confrontés à une concurrence générée par l'introduction de ciment et clinker produits dans des pays où la réglementation sociale et environnementale est moins présente, les professionnels ont fait plusieurs requêtes. Découvrez lesquelles.

"C'est une mauvaise année". L'analyse par le président du Syndicat français de l'industrie cimentière (Sfic) de l'année qui vient de s'écouler est sans appel. D'ailleurs, ce constat se reflète dans la dernière conjoncture du syndicat.

 

Sur l'ensemble de l'année, l'industrie cimentière affiche un recul de la consommation de 6,7%. "La livraison de nos membres a baissé de 7,8%, ce qui représente environ 18 millions de tonnes en un an", souligne Rachid Benyakhlef, président du Sfic.

 

Et le début de l'année 2013 ne commence pas sous les meilleurs auspices puisque la filière enregistre une baisse de la consommation de 19,3% par rapport à janvier 2012 et les liants géotechniques (utilisés notamment pour les routes et les voies ferrées) un recul de 43,2%. La prévision globale à fin 2013 pour le ciment enregistrerait un recul de l'ordre de 9%. "On devrait rejoindre des niveaux qu'on n'avait pas observés depuis 2006", s'inquiète le président du Sfic. Le décrochage de la conjoncture cimentière cet hiver est notamment impacté par la baisse des mises en chantier dans le bâtiment.

 

Concurrence jugée déloyale
Résultat : le Sfic se mobilise et demande aux pouvoir publics d'être vigilants : "Il y a urgence à restaurer notre compétitivité", a lancé Rachid Benyakhlef à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, présent lors du déjeuner annuel du syndicat.

 

En Effet, la filière soulève certaines difficultés en matière de concurrence étrangère générée par l'introduction de ciment et clinker produits dans des pays comme la Turquie où les normes sont moins strictes qu'en Europe. Le Sfic souligne des différences de coûts pouvant aller de 10 à 20%. Une différence portée par le coût du travail et de la protection sociale, selon le syndicat. "Le ciment qui ne provient pas de l'Union européenne ne subit pas les mêmes charges". A cela s'ajoute la réglementation environnementale très forte qui a un coût comme la réhabilitation des sols et des carrières au cours de leur exploitation, les contraintes liées à la biodiversité ou encore les émissions de poussière extrêmement encadrées. "L'ensemble mis bout à bout fait beaucoup", précise le président. Pour contrer cette concurrence, le syndicat souhaite "éviter de nouvelles réglementations européennes qui pénaliseraient encore plus la compétitivité des entreprises et le maintien de l'industrie dans la liste de celles soumises à fuite de carbone".

 

Politique portuaire à repenser
Le Sfic réclame aussi de repenser la politique portuaire dans son ensemble en diligentant une étude d'impact socio-économique et environnementale préalable à la délivrance d'une autorisation d'occupation temporaire des ports. Cette demande rappelle également que plusieurs projets à long terme sont en cours notamment au Havre et à Saint-Nazaire avec Ciment Kercim qui souhaite implanter une usine de ciment sur le port de Nantes-Saint-Nazaire qui utiliserait du clinker, en provenance de Turquie.

 

Le Sfic souhaite donc obtenir toutes les conditions d'une compétitivité équitable à l'échelle européenne tout en soulignant l'importance de l'indépendance énergétique de la France. Le ministre du Redressement Productif a d'ailleurs répondu à cette question : "La question énergétique est importante pour nos industries ciment-béton (…) et malheureusement nous sommes en retard dans les énergies de substitution". Mais il s'est montré combatif : "Il faut faire des alliances des forces productives", a-t-il déclaré. Se faisant une nouvelle fois le chantre du "made in France", il a noté que cela supposait "de s'occuper des importations abusives" et pourquoi pas de "taxer ceux qui ont une forte empreinte carbone". Et d'ajouter : "Tout ce qui relève du dumping doit être signalé par nos industriels". Que ce soit dans le secteur photovoltaïque ou cimentier, les industriels semblent déterminés à faire face aux concurrences qu'ils estiment déloyales. En tout cas, ils s'organisent…

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