CONJONCTURE. La tendance n'est pas bonne dans les travaux publics : la hausse des coûts de production, renforcée par la guerre en Ukraine, impacte lourdement le volume d'activité du secteur ainsi que les prises de commandes. L'inquiétude grandit pour les entreprises.

L'optimisme retrouvé en 2021 dans les travaux publics n'aura pas duré. Le secteur s'attendait à une année 2022 moins bonne, anticipant une croissance modérée de 1,5% en volume, avec une inflation qui pèserait sur le niveau d'activité. Mais la guerre en Ukraine mis à mal ses prévisions.

 

C'est ce que l'on peut observer à la lecture du dernier bulletin de conjoncture de la FNTP, pour le mois d'avril 2022. Après un premier trimestre déjà en recul, la tendance d'avril n'est pas meilleure. Les travaux réalisés accusent ainsi un très net recul : -18,3% en volume par rapport à avril 2021 - qui avait cependant été particulièrement bon, bénéficiant d'un effet de rattrapage post-covid favorable. En cumul sur le premier quadrimestre de l'année, le repli qui se creuse mois après mois est de 7,7% sur un an.

 

En valeur, l'activité est stable (+0,7% à fin avril). Une tendance toutefois à relativiser, car elle est surtout le signe d'une forte évolution des coûts de production, qui accélère de mois en mois : l'inflation est en effet de 2,8% sur un mois, et près de 10% sur un an !

 

Des commandes au plus bas

 

Après être bien remontés en mars, la trajectoire des marchés conclus s'est diamétralement inversée en avril 2022. Ils sont même retombés à leur plus bas niveau depuis le confinement de 2020 : -11,7% par rapport au mois précédent, -18% en volume sur un an !

 

Sur le début de l'année, le recul est de 7,4%. Pourtant, les collectivités entrent dans une phase du cycle électoral favorable, celle où les projets sont lancés. Le redémarrage se fait donc toujours attendre, et le nombre d'appels d'offre est encore très en-dessous de son niveau d'avant-crise, regrette la FNTP.

 

Impact sur les ressources humaines

 

Cette activité en retrait se fait aussi sentir sur les ressources humaines. Le nombre d'heures travaillées par les ouvriers permanents enregistre une baisse de 3,2% en avril, et de 1,1% en cumul depuis le début de l'année. L'intérim, en légère progression depuis janvier (+1,5%), recule aussi en avril (-1,1%). Les effectifs sont, pour la première fois depuis plusieurs mois, dans une tendance baissière, quoique pas encore inquiétante : -0,4% sur un an.

 

Ralentissement économique, attentisme des pouvoirs publics locaux concernant les investissements, incertitudes géopolitiques et inflation pénalisent donc l'activité des travaux publics. Les entreprises manquent de visibilité, insiste la FNTP, et la trajectoire pour le second semestre semble bien incertaine.

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