RAPPORT. Alors qu'elle présentera son 25e rapport sur le mal-logement le 31 janvier 2020, la Fondation Abbé Pierre s'ancre dans le contexte des élections municipales pour appeler à un sursaut des politiques locales dans la lutte contre le mal-logement.

La Fondation Abbé Pierre présentera, comme chaque année, son traditionnel rapport sur le mal-logement qui connaîtra cette année sa 25e édition. En plus des chiffres liés au mal-logement et un focus sur les personnes isolées, la Fondation Abbé Pierre a donné une teneur politique à son rapport, à l'aune des élections municipales de mars 2020.

 

Une échéance électorale, dont l'association espère qu'elle suscite un électrochoc dans les politiques locales, en réorganisant les compétences liées à l'habitat et au logement. Le rapport cible plus précisément les villes moyennes, et celles basées en zones rurales, considérant qu'elles font preuve d'un "engagement inégal", dans un contexte d'intercommunalités qui ont tendance à "diluer les responsabilités".

 

Bienfaits de la décentralisation

 

La Fondation Abbé Pierre estime pourtant que les vagues successives de décentralisation, jusqu'à la création des métropoles par la loi Maptam de janvier 2014, ont permis des avancées significatives pour davantage de proximité dans la politique du logement comme de l'hébergement. Symbole de cette spécialisation progressive des compétences logement, les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) se sont révélés comme "chefs de file des politiques locales de l'habitat".

 

 

Mais en desserrant la focale sur une échelle nationale, l'association de lutte contre le mal-logement estime que cette montée en compétences a aussi "contribué à creuser les écarts entre les collectivités". En effet, les politiques en faveur de la production de logement abordable, de logement social et de résorption de l'habitat indigne trouvent des échos différents, entre métropoles, villes moyennes et villes rurales, et à l'intérieur même de ces échelons.


Marseille "concentre tous les défauts de gouvernance"

 

La Fondation Abbé Pierre oppose ainsi le volontarisme d'une ville comme Lyon ou Rennes en matière "d'intégration politique poussée au maximum des compétences", à la Métropole du Grand Paris et la capitale, à la fois commune et département "qui dispose de moyens d'action tellement importants qu'elle n'a pas toujours fait l'effort de partager ses compétences et ses richesses avec ses voisins, polarisés entre départements très riches et très pauvres". La ville de Marseille, particulièrement concernée par la problématique de mal-logement "semble concentrer tous les défauts de gouvernance", ajoute le rapport.

 

Entre collectivités "pionnières", peu concernées ou complètement "indifférentes" à la question de l'habitat, l'État censé agir en pilote semble s'éloigner peu à peu de ses prérogatives vis-à-vis des municipalités. Au point que la Fondation Abbé Pierre préfère employer la comparaison avec la figure du crocodile, "grande gueule et petits bras".

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