ECHANGES. Lors de cette troisième édition des universités d'été de l'architecture, la question de la fabrique de la ville a occupé une place importante dans les débats. Elus, architectes, maîtres d'ouvrage privé et public ont livré leur point de vue. Voici ce qui en est ressorti.

Pour la troisième édition de ses universités d'été, l'ordre des architectes avait choisi le cadre verdoyant du théâtre Monfort, dans le 15e arrondissement de Paris, pour évoquer deux grandes thématiques au cœur de la réflexion des professionnels de l'acte de bâtir à savoir la fabrique de la ville et la transformation du métier d'architecte. Jean-Michel Daquin, président de l'ordre des architectes d'Ile-de-France, a introduit cette journée en annonçant les résultats de l'appel à contributions, lancé en mars, pour réfléchir sur le métier et la construction de la ville de demain.

 

Franck Lehuédé, du Crédoc, a ensuite analyser ces résultats. A la question "comment fabriquer la ville de demain, il en ressort qu'il est nécessaire de comprendre les déséquilibre entre les territoires, les populations et les usages de la ville et que la construction de la ville de demain sera marquée par la révolution numérique". Il sera aussi nécessaire de "penser et fabriquer la ville collectivement, en interaction avec différents acteurs" (urbanismes, paysagistes, entreprises de BTP, artistes,…) car les contributions montrent une volonté de mener des réflexions pluridisciplinaires. Et enfin, il ressort qu'il faut penser la ville en s'appuyant sur des pratiques d'urbanisme pouvant faire évoluer progressivement la ville.

 

Une relation élu-architecte essentielle

 

Pour aborder cette fabrique de la ville, Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis (Essonne), a livré son point de vue. Selon lui, "le rôle de l'élu est de définir un projet", or il constate "que certains de ces confrères ont des carences en termes d'aménagement". Il estime important que l'élu puisse définir le plus finement possible le cahier des charges à l'architecte pour que celui-ci comprenne au mieux les attentes. Avant de solliciter les architectes, il explique qu'il a pu juger l'utilité d'interroger en amont les riverains pour les impliquer dans le projet. Pour autant, il considère qu'il "faut laisser de l'espace et de l'autonomie à l'architecte" et lui confier la place "de chef d'orchestre aux côtés de l'élu avant même de choisir le maître d'ouvrage".

 

Un point de vue partagé par l'architecte Anne Démians : "quand l'élu ne garde pas la main jusqu'au permis de construire, c'est la porte ouverte aux ensembliers", explique-t-elle. Et elle ajoute que "même dans les procédures privées, les élus doivent garder la main". Elle rejoint également le maire de Ris-Orangis sur la question de l'implication des habitants, une démarche qui permet d'inscrire le projet dans la durée et de créer de la mixité dans un quartier, fait-elle valoir. Elle va plus loin : "Additionner les expertiser fait souvent la force des projets pour insérer avec intelligence un bâtiment dans un territoire".

 

Des bâtiments multi-usages

 

Pour fabriquer de la ville de demain, il faudra repenser la possibilité de transformer l'usage des bâtiments, estime aussi Anne Démians. Elle évoque alors la question de la restructuration des bâtiments vides, comme les nombreux immeubles de bureaux vides : "comment les recycler ?". Pour construire, "il faut donc penser à des usages multiples dès la départ (…) ça coutera moins cher à réhabiliter", argumente l'architecte. Penser à des usages multiples, c'est justement ce qu'a fait l'architecte Carmen Santana lorsqu'elle a imaginé le parking en silo proche de la gare Saint Roch à Montpellier. "Ce bâtiment est réversible, si besoin", explique-t-elle.

 

En conclusion, la recette serait peut-être : "un élu sachant, maîtrisant son projet, puis de la consultation et de la participation et un architecte qui reste le pivot central travaillant avec une diversité d'acteurs", synthétise Carmen Santana.

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