RÉCOMPENSES. Les prix des projets et des mémoires de la Maison de l'architecture d'Ile-de-France ont été remis aux étudiants lauréats. Leur travail reflète des évolutions "profondes et rapides", relate Léa Mosconi, architecte en charge de ces prix, ainsi que la capacité des futurs architectes à questionner profondément leur raison d'être… et leur discipline.

La maison de l'architecture d'Ile-de-France, centre de réflexion et de rencontres existant depuis 2004, a remis, désigné, fin janvier, les étudiants lauréats 2020 de ses Prix annuels des diplômes et mémoires d'architecture. Léa Mosconi, qui a monté ce prix en 2017, (c'est donc la quatrième édition) et l'anime toujours, explique à Batiactu que ces Prix visent à "donner à lire les questions portées par les étudiants", et faire valoir la "légitimité de la parole étudiante". La dizaine d'étudiants distingués dans la catégorie diplômes verra son travail présenté au sein d'une exposition, et pour ceux de la catégorie mémoires, un séminaire de présentation sera organisé lors d'une journée d'étude dédiée à leur travail.

 

Le jury, est systématiquement composé d'architectes, de journalistes spécialisés, de maîtres d'ouvrage et de chercheurs. Les Prix de cette année sont parrainés par Sophie Delhay (Sophie Delhay Architecte). En 2017, Gilles Delalex, co-fondateur de l'agence Muoto était parrain du prix, en 2018, c'était Valentine Guichardaz-Versini, fondatrice de l'Atelier Rita, et en 201, Philippe Chiambaretta de l'agence PCA-Stream. La Maison de l'architecture d'Ile-de-France bénéficie, en outre, du soutien de la Drac.

 

Le retour du dessin à la main, l'apparition de la fiction

 

Si "à peu près toutes les écoles d'architecture de la région sont représentées parmi les candidatures, certaines sont plus représentées dans les lauréats", explique Léa Mosconi. Cela a peut-être à voir, pense-t-elle, avec le degré de liberté de choix des sujets de diplômes et de mémoire laissé aux étudiants selon les Ensa (Ecole nationale supérieure d'architecture), qui ont chacune leur histoire, leur politique et leur équipe enseignante.

 

L'utilisation de la fiction, par exemple, qui a attiré l'œil du jury cette année, est plus ou moins permise selon les écoles. Celle de Versailles, par exemple, qui le permet, a obtenu plusieurs lauréats. Sur ces questions de forme, Léa Mosconi note "le retour du dessin à la main", mais aussi, plus osé, l'utilisation de collages.

 

Des thèmes qui reflètent "une évolution générale" et rapide

 

Pour ce qui est du fond, les thèmes abordés par les lauréats reflètent "une évolution générale, visible dans toutes les écoles". Ces thèmes, "représentatifs d'une évolution très rapide", tournent principalement autour "de l'écologie, du genre, de la catastrophe, et du déjà-là". L'écologie est présente à travers l'étude du vivant, y compris par l'animal, le sauvage, la faune… pour l'organisatrice du Prix, c'est "un thème émergent, car avant la question environnementale n'apparaissait que sous l'angle énergétique".

 

L'architecture de l'effroi, de la catastrophe, de l'effondrement, ont aussi fait leur apparition, en lien avec les événements. Comme un questionnement sur le monde d'après, les diplômes posent la question de la décroissance, là où leurs prédécesseurs se cantonnaient peut-être à la frugalité. La question de l'inclusivité des lieux, des rapports entre les genres, de la déconstruction des modèles normatifs, s'est également fait présente.

 

Capacité des étudiants à questionner leur discipline

 

Léa Mosconi note enfin, parmi les tendances, un "réinvestissement du mémoire, avec une amélioration de la qualité du travail rendu". Les étudiants se sont penchés sur le travail de la matière : le bois, la terre. Ils ont traité, là aussi, du vivant en se penchant sur l'agriculture urbaine, par exemple. Enfin, un travail relatif à la théorie de l'architecture et un retour vers l'histoire ont été constatés par le jury.

 

"Les étudiants questionnent la nature même de la profession", relate Léa Mosconi, qui observe leur "modestie" dans l'approche des sujets. "C'est riche que les jeunes questionnent la profession elle-même", conclu-elle.

 

Les lauréats et leurs projets sont consultables sur le site de la Maison de l'architecture d'Ile-de-France.

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