RAPPORT. D'après l'Ademe, le développement des énergies renouvelables ne devrait pas être endigué par une pénurie de terres rares. L'agence vient en effet de faire paraître une étude consacrée à cette problématique, que l'ouvrage du journaliste Guillaume Pitron La Guerre des métaux rares avait fait affleurer.

L'ouvrage du journaliste Guillaume Pitron, intitulé La Guerre des métaux rares, avait pour ainsi dire lancé le sujet. Il estimait dans les colonnes de Batiactu que la transition énergétique était en grande partie dépositaire de métaux rares, dont les fameuses terres rares, et qu'à ce titre elle n'était pas forcément si écologique que cela - l'extraction de ces matériaux étant particulièrement peu écologique.

 

L'Ademe vient pour sa part de publier une étude assurant que la dépendance des techniques liées aux énergies renouvelables était toute relative, et qu'il n'y avait pas de raison de s'inquiéter d'une éventuelle pénurie. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a fait part de sa satisfaction après avoir pris connaissance de ces travaux. "L'Ademe apporte des éléments concrets et factuels à cette discussion sur les terres rares, sujet sur lequel beaucoup de contre-vérités circulent aujourd'hui dans le débat public", a commenté Jean-Louis Bal, son président, dans un communiqué de presse.


Le photovoltaïque n'utilise pas de terres rares

 

Concrètement, en ce qui concerne le photovoltaïque, 80 à 90% du marché est constitué, assure l'Ademe, de technologies dépendant du silicium, un matériau stratégique mais qui n'est "ni une terre rare, ni un matériau critique en terme de risques sur les approvisionnements". La technologie dite "en couches minces", pour sa part, fait appel à davantage de métaux potentiellement problématiques (tellure, cadmium, indium...), mais constitue une part minoritaire du parc. Quant aux terres rares à proprement parler, l'industrie photovoltaïque n'en utilise pas, précise l'agence.

 

 

La situation est plus contrastée dans l'éolien. "Seules les éoliennes à aimants permanents utilisent des terres rares", à savoir du néodyme et du dysprosium, assure l'Ademe. Mais ce type de technologies n'est présent que dans 3% des installations d'éolien terrestre. Pour l'ensemble de ce parc spécifique installé fin 2018 sur terre et sur mer, les besoins représenteraient 1,5% de ces deux types de terres rares.

 

L'éolien en mer concerné à la marge

 

Pour l'éolien en mer, où la technologie à aimant permanent est privilégiée, la demande française devrait représenter 1% de la demande annuelle en néodyme et 4% de la demande annuelle en dysprosium, assure l'Ademe, qui s'est calé sur les objectifs de la PPE.

 

Enfin, l'agence rappelle les efforts effectués par la filière pour diminuer la dépendance des installations aux dysprosium et plus généralement au principe des aimants permanents. Des solutions alternatives semblent également exister et devrait permettre de franchir le cap d'une éventuelle "tension forte sur les terres rares" : en terrestre, les aimants permanents devraient rester très largement minoritaires pour les années à venir, et en mer, "étant donné le faible tonnage des aimants permanents par rapport à l'ensemble des matériaux utilisés dans les machines, le coût des machines dépend peu de celui des terres rares ".

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