Le jour de l'entrée en vigueur de l'accord sur le climat signé lors de la COP21, le président de la République se rend symboliquement sur le pôle énergétique LIGER, un centre breton dédié à la valorisation de bioressources locales. Découverte de cet équipement innovant.
L'Elysée ne manque pas de souligner l'importance de cette journée du 4 novembre 2016, "un jour historique pour la planète car il marque l'entrée en vigueur de l'accord sur le climat". Les engagements pris par les 175 pays signataires au mois de décembre 2015 lors de la COP21 "sont désormais irréversibles (…) preuve que la communauté internationale a pris toute la mesure de l'urgence climatique". Symboliquement, le chef de l'Etat a donc choisi de se rendre, ce vendredi 4 novembre, à Locminé (Morbihan) afin d'y inaugurer le pôle LIGER (pour Locminé Innovation & Gestion des Energies Renouvelables), "ce centre d'énergies renouvelables parmi les plus avancés au niveau européen". Et l'usine est unique en son genre, puisqu'elle propose un véritable mix énergétique à elle toute seule, avec de la biomasse, de la méthanisation et de la cogénération, pour fournir de la chaleur, de l'électricité, des biocarburants et des fertilisants.
Valoriser une quarantaine de déchets différents
Ce projet, porté par la ville à travers une société d'économie mixte, visait à créer une entreprise territoriale rassemblant les collectivités locales, des industriels fournisseurs de matières premières et les clients d'un réseau de chaleur. Lancé en 2011, il vise à réduire l'empreinte CO2 des 15.000 habitants du territoire en utilisant des déchets de l'agroalimentaire pour chauffer, éclairer et alimenter des véhicules. Une chaudière bois, opérationnelle depuis 2012, dégage 1,5 MW de puissance grâce à des apports de bois d'élagage et de rebuts de scierie, tandis que l'unité de méthanisation dispose de deux digestoirs qui seront bientôt mis en service. Ils produiront, à terme, 4 millions de mètres cubes de biogaz, grâce à un gisement local (située dans un rayon de 20 km) estimé à 59.000 tonnes/an : 48.000 t. de déchets agroalimentaires provenant de l'usine D'aucy, 8.000 t. d'excédents agricoles (lisier de porc), et 4.000 t. de boues et effluents de stations d'épuration. En tout, LIGER produira 10.300 MWh d'électricité verte, et de l'eau chaude à 90 °C (6.035 MWh), ce qui permettra de couvrir l'équivalent de la consommation de 16.480 habitants.
D'autre part, l'unité de méthanisation produira également du biocarburant (bioGNV), à hauteur de 300.000 litres/an, qui alimentera les trois camions chargés de collecter les déchets, afin de boucler la boucle. Et les résidus du digestat, serviront à enrichir les sols sous la forme d'engrais, permettant la résorption de 223 t. d'azote et 145 t. de phosphore par an. Il est prévu que l'usine LIGER, lancé à plein régime, compensera totalement les 18.000 tonnes de CO2 émises par la ville de Locminé. L'investissement nécessaire a été conséquent : 14,5 M€, apportés par la commune, le département, la région, l'Ademe et une partie des partenaires industriels (D'aucy, Jean Floc'h). L'unité emploie à ce jour 15 personnes mais d'autres développements sont d'ores et déjà prévus, notamment le couplage avec un data center ou l'utilisation de coproduits dans des biotechnologies. La société d'exploitation, constituée d'un capital de 400.000 €, est principalement détenue par la commune elle-même (42 %) et la communauté de communes (16 %), assurant l'indépendance de la gestion de cet équipement polyvalent et novateur.
Le réseau de chaleur de la Ville de Paris comptera bientôt l'Élysée parmi ses clients
