Confronté à la montée progressive dans son capital du groupe espagnol Sacyr Vallehermoso, le groupe de BTP Eiffage, a annoncé mardi que la Caisse des dépôts avait pris 3% de son capital et pourrait prendre 35% du viaduc de Millau.

«La Caisse des dépôts a informé Eiffage qu'elle détenait, à ce jour, 3% de son capital», indique Eiffage dans un communiqué. Une source proche du dossier a même souligné que la Caisse pourrait encore monter au capital du groupe de BTP.

Par ailleurs, Eiffage indique avoir engagé des négociations avec la Caisse des dépôts en vue d'une prise de participation de 35% de cette dernière dans la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau (Aveyron), «sous réserve de l'accord de l'Etat concédant». Interrogée, la Caisse n'a pas précisé le montant de ces deux investissements.

Ces négociations «s'inscrivent dans la stratégie de valorisation par Eiffage de son portefeuille de concessions», explique le groupe de BTP, concessionnaire du viaduc de Millau. Le groupe souhaite ainsi «dégager des ressources pour son développement dans ses différents métiers, y compris l'acquisition de nouvelles concessions».

De son côté, la Caisse des dépôts a indiqué à l'AFP qu'elle voulait «renforcer ses investissements dans les infrastructures», en rappelant qu'elle avait été en concurrence avec Eiffage lors de la privatisation de la société d'autoroutes APRR (Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône), remportée par Eiffage. Et de souligner que le viaduc de Millau était un «investissement emblématique».

Ces discussions «confortent un partenariat initié depuis plusieurs années entre Eiffage et la Caisse des dépôts», a également affirmé Eiffage. La Caisse a assuré de son côté vouloir développer son «partenariat» avec Eiffage.

La Caisse des dépôts a par ailleurs rappelé que les deux groupes ont déjà des partenariats, notamment dans le tunnel Prado-Carénage (en service depuis 1993) et la concession Norscut au Portugal (contrat signé en 2000 pour 155 km d'autoroute).

Rappelons qu'Eiffage est actuellement confronté à la montée progressive dans son capital du groupe espagnol Sacyr Vallehermoso, qui contrôle un peu plus de 10%, tout en assurant ne pas avoir d'intention hostile mais souhaiter continuer sa progression. Une montée au capital qui ne prenait pas, selon le groupe, l'allure d'une «coopération équilibrée». D'ailleurs, Jean-François Roverato le PDG d'Eiffage n'avait pas fait mystère de ses intentions de séduire de nouveaux actionnaires, en évoquant la Caisse des dépôts. De son côté, le financier belge Albert Frère a annoncé la semaine dernière avoir pris une participation de 6,1% dans le capital d'Eiffage. Si le flou demeure sur ses intentions, certains analystes pensent qu'il vient à la rescousse du groupe français de BTP pour contrer les ambitions de Sacyr.

Rappelons par ailleurs, le Premier ministre Dominique de Villepin avait souhaité début mars que la Caisse des dépôts puisse «augmenter significativement ses placements en actions», dans le but de consolider et de sécuriser le capital des groupes français susceptibles d'être la proie d'OPA hostiles.



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