JUSTICE. De lourdes amendes ont été requises jeudi 13 décembre 2018 à Bobigny contre quatre sociétés poursuivies pour l'effondrement du terminal 2E de l'aéroport de Roissy qui avait fait quatre morts en 2004.

Des amendes allant jusqu'à 225.000 euros ont été requises jeudi 13 décembre 2018 à Bobigny (Seine-Saint-Denis) contre quatre sociétés, dont Aéroports de Paris, poursuivies pour l'effondrement du terminal 2E de l'aéroport de Roissy qui avait fait quatre morts en 2004. Le procureur a estimé "écrasante" la responsabilité d'ADP et demandé que l'amende la plus lourde soit infligée à l'exploitant du deuxième aéroport européen. 150.000 euros ont été demandés contre le bureau d'étude (Ingerop), 125.000 contre le constructeur GTM (filiale de Vinci) et 100.000 contre le bureau de certification Veritas.

 

Les quatre sociétés comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour homicides et blessures involontaires. Les débats doivent s'achever vendredi avant que la décision ne soit mise en délibéré.


Le toit de l'aérogare avait cédé

 

Peu avant 07H00, dimanche 23 mai 2004, le toit de l'aérogare avait cédé, entraînant la destruction d'une partie de ce terminal inauguré à peine onze mois plus tôt, et dont ADP voulait faire "la vitrine de la France". Quatre voyageurs étrangers - deux Chinois, une Libanaise, une Ukrainienne - avait été tués et sept personnes blessées, parmi lesquelles des employés et des policiers travaillant sur la plateforme.

 

"On a pensé à l'esthétique, à l'innovation. A la sécurité, on n'a pas toujours pensé."

 

Dans un réquisitoire implacable, le procureur Loïc Pageot a pointé "la responsabilité" d'ADP, qui a "usé et abusé de sa position dominante" sur les trois sociétés sous-traitantes. Il a évoqué "les délais extrêmement tendus imposés" lors de la construction du bâtiment, mais aussi un "manque de transparence" et "un contrôle insuffisant de l'exécution". "On a pensé à l'esthétique, à l'innovation. A la sécurité, on n'a pas toujours pensé", a-t-il déploré.

 

 

Les débats ont mis en lumière les défauts de ce bâtiment à 650 millions d'euros dessiné par l'architecte Paul Andreu, concepteur de l'Opéra de Pékin aujourd'hui décédé, et qui ne devait "ressembler à aucun autre". Il était notamment reproché au groupe ADP - à la fois maître d'ouvrage (client) et maître d'œuvre (concepteur) - de s'être montré négligent "eu égard à la complexité et au caractère atypique de l'ouvrage envisagé".

 

Lors de l'enquête fleuve, les experts ont démontré que la résistance des voûtes était "très insuffisante" et estimé que la structure était "très proche de la ruine dès sa conception". Ils avaient aussi relevé des "fautes d'inattention" à tous les niveaux de l'opération, "révélatrices" d'un "défaut de coordination et de supervision". Ils avaient évalué à 50% la part de responsabilité technique d'ADP, contre 25% pour Ingerop, 15% pour GTM et 10% pour Veritas.

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