Jean Balladur s'est éteint à l'âge de 78 ans. Cousin d'Edouard Balladur, cet architecte était un adepte du béton moulé et préfabriqué, dont il utilisa largement pour l'aménagement de la Grande Motte et de Port-Camargue sur le littoral du Languedoc-Roussillon.

Avant de devenir architecte, Jean Balladur s'est essayé à la philosophie. Il a même côtoyé Jean-Paul Sartre et collaboré à la revue des Temps modernes jusqu'à ce que des divergences politiques l'éloignent du philosophe.

C'est donc en 1945 qu'il s'oriente vers l'architecture. Il obtiendra son diplôme d'architecte en 1954.

A ces débuts, Jean Balladur est d'abord séduit par l'esthétique des architectes du Bauhaus, et notamment par l'oeuvre de Mies van der Rohe. En 1956-58, il réalise rue de la Victoire, à Paris, face à la grande Synagogue, un premier immeuble en acier et verre émaillé. Puis en 1959-62, l'immeuble de l'Institut Curie, 26 rue d'Ulm à Paris, et une villa toute de verre et d'acier en forêt de Chantilly.

En 1963 , il revient à une architecture du béton quand il se voit confier, par le Général de Gaulle et le gouvernement de Georges Pompidou, les importantes opérations d'aménagement de La Grande Motte et de Port Camargue, avec logements, équipements collectifs et habitations individuelles. Il s'emploie alors à mettre en oeuvre toute la souplesse du béton moulé et préfabriqué, matériau dont il a découvert les possibilités en visitant le Brasilia d'Oscar Niemeyer en 1962. Il s'applique à créer des formes libres, en réaction contre la sécheresse et la pauvreté de l'architecture des bâtiments de cette époque. Cet urbanisme balnéaire déchaîne à l'époque des polémiques violentes, ce qui n'empêche pas leur auteur d'être sollicité pour de nombreux chantiers en France et à l'étranger.

Jean Balladur milita au sein de l'Ordre des architectes, du Syndicat des architectes de la Seine dont il fut président et de la Confédération des architectes français comme vice-président. Il fut également pendant 20 ans titulaire de la chaire d'architecture de l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées. Depuis juin 1999, Jean Balladur était membre de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France.

Dans un communiqué, le ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon a salué "la mémoire du grand architecte français Jean Balladur qui a marqué la deuxième moitié du 20e siècle par ses réalisations innovantes et ses projets audacieux à Paris et à la Grande Motte".

"La France perd, avec le décès de Jean Balladur, un des grands architectes du 20e siècle fidèle aux théories de Le Corbusier, qui à travers ses réalisations a toujours recherché un nouvel équilibre entre l'environnement et l'espace bâti" a ajouté Jean-Jacques Aillagon.

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