D'après les derniers chiffres du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, les mises en chantier de logements neufs et les constructions de logements autorisés, entre décembre 2012 et février 2013, affichent de nouveau une baisse significative. Une situation qui ne présage rien de bon pour cette année. Décryptage.
Dans le logement neuf, la déprime persiste, voire s'accélère. La construction de logements neufs a accentué son recul au cours des trois derniers mois, en raison d'une conjoncture économique morose et de dispositifs moins incitatifs, ce qui ne présage rien de bon pour 2013.
Les autorisations de construire toujours en baisse
En effet, en données brutes, sur les trois derniers mois (décembre 2012 à février 2013) 117.200 logements ont été autorisés à la construction en France, soit un recul de 13,2 % en glissement annuel, par rapport à la période de décembre 2011 à février 2012, souligne le dernier baromètre publié par le ministère de l'Ecologie, du Développement durable.
La construction neuve - 87 % de l'offre de logements - chute cette fois-ci de 13, 0 % par rapport aux mêmes trois mois un an plus tôt. En détail, le collectif baisse fortement de 28,9 % et le logement en résidence subit un nouveau repli de 50,1 %. De son côté, la construction de logements individuels progresse de 8,5 % ; parmi ceux-ci, les logements individuels purs augmentent de 14,6 %.
Les mises en chantier passent sous la barre des 90.000 unités
Concernant les mises en chantier, là encore, sur les trois derniers mois -décembre 2012 -février 2013-, leur nombre s'élève à près de 88.000, soit une baisse de 21,6 % par rapport à la période de décembre 2011 à février 2012. Ce repli percute l'ensemble des secteurs du logement, confirme le ministère de l'Ecologie : -23.7% pour les logements individuels ; - 19,8 pour les logements collectifs ; -23 % pour les logements en résidence. Sur un an, le nombre de logements autorisés à la construction diminue de 7,0 %.
"Tous les éléments de la construction sont dégradés et attestent d'un mauvais début d'année", explique à l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest. "Les trois derniers mois sont épouvantables et viennent amplifier le mouvement de recul qui s'observe depuis un an déjà", estime l'expert de l'immobilier.
"Les fondamentaux qui expliquent ce recul sont de deux ordres", poursuit-il. Premier facteur : la demande est paralysée, d'après lui, en raison de la montée du chômage, de la perte du pouvoir d'achat et des risques de récession qui pèsent sur le moral des ménages. "Or, dans ces conditions, ces derniers s'engagent peu sur des projets à long terme comme l'immobilier", analyse-t-il.
Deuxième facteur : les soutiens publics à une partie du secteur de la construction "font défaut ou ont été sérieusement révisés", renchérit-il, comme le recalibrage du PTZ+ (prêt à taux zéro) et le dispositif Duflot pour l'investissement locatif, qui remplace le dispositif Scellier mais "peine à répondre aux besoins des constructeurs".
Mauvaise période pour les maisons individuelles
La situation est particulièrement critique pour les maisons individuelles, dont les mises en chantier baissent fortement (-24,8%) au cours des trois derniers mois (décembre 2012-février 2013) par rapport à la même période l'an dernier, à seulement 24.590 unités.
"Le début d'année confirme le recul de l'activité de la construction, mais avec une nouveauté qui est la grosse panne dans le secteur de la maison individuelle", souligne également Michel Mouillart. En cause : le passage à la RT 2012, les nouvelles normes d'isolation de construction imposées depuis le début de l'année, et le nouveau durcissement du prêt à taux zéro (PTZ). Conséquence : "Depuis le début de l'année, l'accession à la propriété privée est en train de plonger. 2012 n'avait pas été bon, 2013 s'annonce encore plus mauvais", résume-t-il.
Vers quelle tendance pour 2014 ?
Déjà en fort recul, le secteur de la construction ne devrait pas connaître d'amélioration significative au cours des mois qui viennent puisque les nouveaux permis de construire pour des logements neufs, qui représentent les mises en chantier de demain, voient eux aussi leur baisse s'accélérer. Ils chutent ainsi de 13% au cours des trois derniers mois -décembre 2012-février 2013-, à 101.835 unités, contre une baisse de 7,4% à 430.364 unités sur les douze derniers mois.
"Ces mouvements lourds montrent une décrue de la construction qui va probablement se poursuivre sur l'année 2013 et sur le début 2014", avance Michel Mouillart. Les statistiques des deux premiers mois de l'année confirment qu'en 2013, on va être en dessous des 280.000 logements commencés en 2013 en construction neuve, contre 304.200 en 2012 détaille-t-il en rappelant qu'il faut remonter à 1998 avec 273.700 unités pour trouver une année aussi médiocre. En résumé : il ne faut pas s'attendre à un rétablissement du secteur avant 2014.
