RISQUES PROFESSIONNELS. Les salariés du BTP travaillent souvent dehors, par des températures élevées. Ils sont donc parmi les populations les plus exposées au risque de développer un cancer de la peau. Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues-vénérologues, nous rappelle les moyens de prévention à mettre en place.

Du 14 au 18 mai, le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) organise la semaine de prévention et de dépistage du cancer de la peau. L'un de ses publics-cibles : les salariés du secteur de la construction. Travaillant dehors lorsqu'il fait soleil, ils sont naturellement parmi les populations les plus exposées. "Nous avons fait beaucoup de réunions avec des professionnels de ce secteur pour les sensibiliser", explique Luc Sulimovic, président du SNDV, contacté par Batiactu.

 

"Les cancers de la peau se dépistent à l'œil nu"

 

Le SNDV a également mis sur pied, cette semaine, une opération de diagnostic en partenariat avec certains médecins du travail du BTP : ces derniers prennent en photo un grain de beauté ou une lésion qui leur paraît suspects sur la peau d'un salarié qui passe sa visite médicale. Ce cliché est ensuite envoyé à des dermatologues qui donnent un premier diagnostic. "Les cancers de la peau sont facilement dépistables, cela se voit à l'œil nu", indique Luc Sulimovic. Quels sont les signes qui doivent alerter ? Un grain de beauté qui se modifie rapidement ou apparaît rapidement, d'une couleur un peu foncée, ou bien l'apparition de taches au moment de la prise de coups de soleil. "L'apparition d'un coup de soleil est d'ailleurs, en tant que telle, un signe que l'on s'y expose trop."

 

 

Et qu'est-ce qui fait qu'une population est davantage exposée à ce risque qu'une autre ? "Les personnes les plus concernées sont celles qui ont beaucoup de grains de beauté, qui ont des antécédents familiaux en la matière et qui sont souvent exposées aux rayons UV", nous détaille le docteur Luc Sulimovic. "Par ailleurs, chacun d'entre nous dispose d'une sorte de 'capital soleil'. Lorsque celui-ci est épuisé, le risque de développer une maladie apparaît." La forme la plus grave de cancer de la peau, le mélanome, n'est pour l'instant guérissable que si elle est prise en charge au plus tôt.

 

Une application pour téléphones

 

Les salariés du secteur étant obligatoirement exposés au soleil, le médecin préconise le port de vêtements, et de la crème solaire pour les parties dénudées. Le syndicat des dermatologues a d'ailleurs créé une application pour mobiles, baptisée "Soleil risk", permettant "d'accéder directement à l'indice UV de sa région (par géolocalisation) au jour J ainsi qu'à J+1 et J+2", mais aussi de recevoir des alertes en cas de niveau élevé.

 

L'attention des professionnels sur les risques liés à l'exposition des salariés au soleil dans le secteur de la construction avait été décuplée, en 2012, du fait du procès dit 'du bitume'. La cour d'appel de Lyon avait à l'époque reconnu la société de travaux publics Eurovia (groupe Vinci) coupable de "faute inexcusable" après la mort d'un ouvrier du bitume, en 2008, d'un cancer de la peau. "C'est une bonne chose, les professionnels du secteur ont fait preuve de réactivité pour faire avancer les choses", note Luc Sulimovic.

 

Consulter la fiche de l'OPPBTP sur les risques liés aux ultraviolets.

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